
Par la l / Meryem Hafiani
Le Maroc vient de franchir une nouvelle étape diplomatique majeure dans la consolidation de sa souveraineté sur ses provinces du Sud. Les 27 États membres de l’Union européenne ont voté en faveur de la révision de l’accord agricole et commercial avec le Royaume, incluant désormais de manière explicite le Sahara marocain. Un tournant qualifié de stratégique par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, tant sur le plan économique que politique.
L’accord amendé, qui sera officiellement signé prochainement à Bruxelles et appliqué provisoirement dès son adoption, ne se contente pas de renforcer le cadre commercial existant. Pour la première fois, il stipule clairement que les produits en provenance des régions de Laâyoune–Sakia El Hamra et Dakhla–Oued Eddahab bénéficieront des mêmes préférences tarifaires que les autres produits marocains sur le marché européen. Une reconnaissance concrète de la marocanité du Sahara à travers le levier économique et commercial.
Au-delà de l’aspect économique, l’accord introduit un mécanisme technique visant à renforcer la transparence sur l’origine des produits, avec des étiquettes indiquant leur provenance des provinces du Sud. Pour Bourita, il ne s’agit pas d’un simple détail administratif, mais bien d’une confirmation tangible de l’intégration de ces régions dans la dynamique économique nationale et internationale.
Politiquement, ce développement envoie un signal fort. Il s’inscrit dans la continuité de la position européenne qui, depuis 2019, considère l’initiative marocaine d’autonomie comme une base sérieuse et crédible pour le règlement du différend du Sahara. Il reflète également une dynamique internationale croissante, avec les États-Unis, la France et le Royaume-Uni parmi les partenaires les plus actifs dans l’investissement au Sahara marocain. À titre d’exemple, la ville de Dakhla s’apprête à accueillir le 9 octobre prochain un forum économique maroco-français, confirmant son rôle de hub stratégique reliant l’Afrique à l’Europe, et l’Atlantique à la Méditerranée.
Sur le plan économique, l’accord renforce le poids du secteur agricole dans le PIB et ouvre de nouvelles perspectives en matière d’emploi, notamment dans les provinces du Sud, consolidant leur intégration au tissu productif national. Bourita a rappelé que la vision du roi Mohammed VI, visant à faire du Sahara une plateforme régionale d’investissement et d’échanges, se concrétise désormais sur le terrain.
Cet accord illustre également la solidité du partenariat stratégique entre Rabat et Bruxelles, dont les échanges dépassent déjà 60 milliards d’euros par an et couvrent l’industrie, l’agriculture et les équipements. Mais il ouvre aussi la voie à une coopération plus large : politique, sécuritaire, migratoire, numérique, culturelle et environnementale, donnant à la relation une dimension plus globale et durable.
En définitive, cette évolution marque un double succès : d’une part, elle conforte le Maroc en tant que partenaire fiable de l’Union européenne dans un environnement régional instable ; d’autre part, elle consacre le Sahara marocain comme un acteur incontournable de l’équation économique et diplomatique mondiale, bien au-delà d’un simple dossier de conflit politique.