« Je pensais que j’allais bégayer »: depuis lundi matin, les élèves de Terminale sont convoqués pour le grand oral, épreuve inédite du baccalauréat nouvelle formule, jugée « un peu déroutante » par certains, et dont la préparation a pâti de la crise sanitaire du Covid-19.
Plus de 525.000 candidats au bac général et technologique sont convoqués entre lundi et le 2 juillet pour vingt minutes de présentation et d’échanges avec un jury.
Le sujet de l’exposé est à choisir parmi deux thèmes liés à leurs enseignements de spécialité, préparés durant l’année. Le candidat répond ensuite à des questions sur ce thème ou d’autres notions du programme et termine en expliquant son projet d’orientation.
Devant le lycée Kleber de Strasbourg, peu après 10H00, les premiers lycéens qui viennent de passer l’épreuve sortent au compte-goutte.
« Je suis soulagée, c’est surtout ça le sentiment qui domine », lance Marie Joëlle, 18 ans. « C’était notre première vraie épreuve, parce que la philo, c’était symbolique mais là, il faut parler à un jury, on est confronté à des questions, c’est un peu déroutant au début », témoigne la lycéenne.
Elle regrette toutefois une année scolaire morcelée en raison de la crise sanitaire. « L’oral aurait pu être mieux préparé si j’avais eu la chance d’être plus souvent à l’école et plus sollicitée par mes professeurs ».
A quelques mètres, Hugo, 17 ans, est satisfait de sa prestation : « Ca s’est très bien passé, mieux que je l’imaginais, je pensais que j’allais bégayer, que j’allais être très stressé, mais les examinateurs sont très rassurants ».
Maintenant, c’est « vacances, terminé le lycée », se réjouit le lycéen. « J’ai fait les simulations, mon bac je l’ai déjà, grâce au Covid ».
A Bordeaux, Andrea, 18 ans, sort de son oral, également soulagé. « Je connaissais mon sujet presque par coeur et les professeurs sont bienveillants ». « Maintenant, mes amis m’appellent pour que je leur donne des conseils ! ».
« Je n’attends maintenant plus que la Fête de la musique ce (lundi) soir et j’ai des soirées prévues tous les jours, ça va être trop bien », se réjouit Andrea.
« S’exprimer à l’oral, c’est quelque chose que vous avez à faire en permanence dans la vie », avait souligné mi-juin le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui a recommandé aux candidats de « conquérir de la confiance en soi en s’entraînant » pour l’épreuve.
Le jury évaluera sur 20 points la capacité du candidat à capter l’attention, sa gestion du temps, la qualité de ses connaissances et de son argumentation. L’épreuve compte coefficient 10 en voie générale et 14 en voie technologique, dans la note finale du bac.
Il s’agit de la seule épreuve finale maintenue, avec l’écrit de philosophie, les autres matières étant évaluées en contrôle continu.
Cette année, les syndicats lycéens et enseignants avaient demandé l’annulation du grand oral, en raison des difficultés de préparation engendrées par la crise sanitaire. Depuis novembre notamment, de nombreux lycéens ont dû suivre leurs enseignements à distance.
Pour rassurer les candidats, le ministère de l’Education leur permet exceptionnellement de garder sous les yeux le brouillon préparé pour leur exposé. Ils pourront également remettre au jury un descriptif de leurs professeurs indiquant si des parties du programmes n’ont pas pu être étudiées.
Mais depuis plusieurs semaines, les syndicats s’inquiètent de leur organisation, évoquant des retards dans les envois de convocations aux élèves et aux enseignants qui doivent composer les jurys.
Outre les retards, « il y a même parfois des incohérences relevées dans les convocations reçues: les profs sont par exemple attendus à deux endroits différents au même moment. Des élèves ont aussi reçu une convocation pour le… dimanche », relève Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT.
« Il y a des rectorats qui fournissent au dernier moment des outils pour mieux calculer la note de ce grand oral (…). Chacun bricole dans son coin, ce qui montre bien que cette épreuve est mal préparée », déplore Sophie Vénétitay secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
Face à ces « inquiétudes et dysfonctionnements », le syndicat lycéen FIDL a décidé de mettre en place une adresse mail à disposition des lycéens qui en seraient victimes « afin qu’ils soient accompagnés dans les difficultés qu’ils rencontreraient ».
Le grand oral est la dernière épreuve des Terminales pour le bac. Les résultats de cet examen bicentenaire seront dévoilés le 6 juillet.
Les rattrapages démarreront dès le lendemain et se tiendront jusqu’au 9 juillet.