
ALDAR / Iman Alaoui
Une fois de plus, les médias inféodés au régime algérien révèlent leur incapacité à affronter les sujets sensibles. Au lieu de répondre sur le fond, ils préfèrent cibler les journalistes. Après la publication dans Le Journal du Dimanche d’un article signé par Charlotte Touati et Robert Redeker, consacré à la situation des chrétiens en Kabylie et aux restrictions dont ils sont victimes, la presse officielle algérienne a choisi la voie de l’attaque personnelle, détournant l’attention du contenu de l’enquête.
Ce procédé n’a rien de nouveau : il s’inscrit dans une longue tradition du pouvoir algérien qui consiste à discréditer quiconque ose révéler ses abus. La question des libertés religieuses en Algérie, notamment concernant les chrétiens amazighs de Kabylie, reste depuis des années un sujet tabou, malgré les nombreux rapports internationaux qui en soulignent la gravité. Plusieurs églises ont été fermées de manière arbitraire, et des militants religieux ont été poursuivis sous des prétextes fallacieux, dans le but de réduire au silence toute expression religieuse en dehors du cadre officiel.
La Kabylie, région historiquement marquée par la résistance au déni et à la marginalisation, subit depuis des décennies une politique de restrictions multiformes : atteintes à l’identité culturelle amazighe, répression des voix démocratiques et libertaires, et persécutions religieuses visant les chrétiens qui font pourtant partie intégrante de son tissu social. Le régime algérien persiste pourtant à nier ces réalités, les qualifiant de “propagande hostile” chaque fois que la presse internationale les met en lumière.
Plusieurs organisations de défense des droits humains ont documenté ces pratiques. Amnesty International a récemment alerté sur la fermeture continue d’églises sans fondement légal, ainsi que sur les procès intentés à des pasteurs et militants pour “prosélytisme” ou “atteinte à l’islam”. De son côté, Human Rights Watch a confirmé que les autorités algériennes menaient une politique systématique de restriction de la liberté de croyance, en contradiction flagrante avec leurs engagements internationaux.
La comparaison avec le Maroc, voisin immédiat, est édifiante. Bien que partageant le même environnement arabe et musulman conservateur, le Royaume a opté pour une approche basée sur la reconnaissance de la diversité religieuse et culturelle. La Constitution marocaine consacre la liberté de culte, et l’État protège les communautés juives et chrétiennes, tout en préservant leur patrimoine spirituel comme élément constitutif de l’identité nationale. Cette ouverture a consolidé l’image d’un Maroc tolérant et respectueux du pluralisme, à l’inverse d’une Algérie enfermée dans le déni et l’exclusion.
En s’acharnant contre la presse étrangère, le régime algérien ne fait que renforcer les soupçons de la communauté internationale. La comparaison entre les deux pays voisins parle d’elle-même : un Maroc qui mise sur le vivre-ensemble comme moteur de progrès, face à une Algérie qui continue d’éluder les réalités en diabolisant ceux qui les révèlent.