
ALDAR/ Imane Alaoui
Le marché automobile marocain connaît l’une des mutations les plus rapides de son histoire récente, avec l’irruption spectaculaire des marques chinoises qui redessinent la concurrence et imposent un nouveau rythme, bouleversant les constructeurs traditionnels.
Les chiffres officiels illustrent clairement ce basculement. La marque BYD, par exemple, qui n’avait vendu que 11 véhicules en juin 2024, a atteint 412 unités en juin 2025, soit une croissance fulgurante de plus de 3600 %. Dans la même dynamique, Changan a enregistré une hausse d’environ 85 %, tandis que Geely a bondi de 115 %, des taux rarement observés dans un secteur longtemps dominé par les marques européennes, coréennes et japonaises.
Cette percée s’est faite au détriment des acteurs historiques. Des entreprises comme Auto Hall ont perdu une part significative de leur position, tombant à moins de 10 % du marché au premier semestre 2025, malgré des ventes encore soutenues de plusieurs milliers d’unités. Le problème n’est donc pas la baisse de la demande, mais plutôt l’évolution des préférences du consommateur marocain, qui voit dans les voitures chinoises une combinaison imbattable de prix compétitifs et de technologies avancées : écrans numériques, systèmes d’aide à la conduite, motorisations électriques ou hybrides proposés à des tarifs inférieurs de 30 à 40 % à ceux des modèles européens comparables.
Mais l’enjeu dépasse la simple bataille commerciale. Le Maroc se prépare à accueillir de grands projets industriels liés à l’électromobilité. La société BTR investit près de 3 milliards de dirhams dans une usine près de Tanger, destinée à produire 50 000 tonnes de composants cathodiques d’ici 2026. De son côté, le géant Gotion High Tech prévoit à Kénitra un investissement dépassant 1,3 milliard de dollars pour ériger la première Gigafactory du continent africain, avec une capacité pouvant atteindre 100 GWh.
En somme, le marché marocain vit une véritable révolution : des marques chinoises en pleine ascension, des concurrents traditionnels contraints de se repositionner, et l’État misant sur d’importants investissements pour renforcer la place du Maroc comme hub industriel régional de l’automobile et des technologies propres. Au cœur de cette transformation, c’est bien le consommateur marocain qui en sort gagnant, profitant d’une offre plus diversifiée, plus qualitative et surtout à des prix jamais vus auparavant.