
ALDAR/ Meryem Hafiani
La ville chinoise de Tianjin se prépare, les 31 août et 1er septembre 2025, à accueillir la 25e édition du Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), considéré comme l’un des plus importants depuis la création de l’organisation en 2001. Le président chinois Xi Jinping présidera les sessions du sommet ainsi que la réunion élargie dite « Shanghai Plus », au cours de laquelle de nouvelles initiatives devraient être annoncées afin de renforcer le rôle de l’organisation comme cadre multilatéral œuvrant pour un ordre mondial plus juste et plus équilibré.
Ce sommet intervient dans un contexte international tendu, marqué par des défis sécuritaires et économiques croissants ainsi que par la montée des tendances unilatérales et protectionnistes. L’organisation se voit donc appelée, plus que jamais, à réaffirmer son attachement à « l’esprit de Shanghai », fondé sur la confiance mutuelle, l’intérêt commun, le dialogue entre civilisations et le respect de la diversité culturelle. Ces valeurs ont constitué, depuis plus de deux décennies, un socle essentiel dans le parcours de l’OCS, qui regroupe en son sein de grandes puissances comme la Chine, la Russie, l’Inde et le Pakistan, aux côtés des États d’Asie centrale, ainsi que d’autres pays en tant qu’observateurs ou partenaires de dialogue.
Durant son année de présidence tournante, la Chine a multiplié les initiatives et rencontres dans les domaines de la politique, de la sécurité, de la défense, de l’économie, de l’investissement, de l’énergie, de l’éducation et des technologies numériques, en plus de projets favorisant la coopération en matière d’innovation et d’économie verte. Parmi les propositions en discussion figure la création de centres spécialisés dans la lutte contre la criminalité transfrontalière et la cybercriminalité, reflétant la volonté de l’organisation de renforcer ses mécanismes sécuritaires pour faire face aux nouveaux défis.
Mais la sécurité ne sera pas l’unique axe de ce sommet. Les pays membres accorderont une place importante au développement partagé, considéré comme condition indispensable à la stabilité. Seront notamment débattues les questions relatives au soutien des chaînes d’approvisionnement, à la production conjointe, au développement d’infrastructures, ainsi qu’à l’investissement dans l’économie numérique et l’énergie propre. Ces initiatives visent à renforcer la coopération économique entre les États membres de l’OCS, qui représentent près de la moitié de la population mondiale et environ un quart du PIB mondial, selon les rapports de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Cette édition prend également une dimension symbolique particulière puisqu’elle coïncide avec le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de l’Organisation des Nations Unies. Des documents communs devraient être publiés pour réaffirmer l’attachement aux principes fondateurs de l’ONU et promouvoir la coopération dans les domaines de la sécurité, de l’économie et des échanges culturels, alors même que les débats autour de la réforme du système international et de la restructuration de la gouvernance mondiale s’intensifient.
Les observateurs considèrent que le sommet de Tianjin constituera un véritable test de la capacité de l’Organisation de Coopération de Shanghai à s’imposer comme un pôle influent dans la redéfinition des équilibres internationaux, loin de toute hégémonie unilatérale, et à ouvrir la voie à un système mondial multipolaire prenant en compte les intérêts des grandes comme des petites nations.
Ce moment charnière marque ainsi une tentative de l’organisation pour consolider sa vision d’une plateforme de dialogue et de coopération en faveur de la paix et du développement, et pour démontrer que l’investissement dans la solidarité et le partenariat demeure la voie la plus sûre pour relever les défis du XXIe siècle, qu’il s’agisse du terrorisme transfrontalier, du changement climatique ou des crises économiques successives.