Par Meryem Hafiani / ALDAR
Dans une déclaration ferme qui reflète l’intensification des tensions dans le détroit de Taïwan, le ministère chinois de la Défense a réitéré que Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois, rejetant catégoriquement l’existence juridique de la « ligne médiane » dans le détroit. Pékin considère cette ligne comme une invention sans fondement légal, qu’elle ne reconnaît pas.
Cette position intervient alors que la controverse enfle autour de la route aérienne W121, empruntée par des appareils dans la région. La Chine accuse le Parti démocrate progressiste (DPP), au pouvoir à Taïwan, d’exagérer les menaces liées à cette route pour alimenter la peur médiatique, influencer l’opinion publique nationale et internationale, et se donner des leviers politiques.
Dans son communiqué, le ministère de la Défense a insisté sur le droit légitime de la Chine à prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. Pékin affirme que le détroit de Taïwan n’est pas une zone tampon entre deux États, mais un passage maritime sous juridiction chinoise. Par conséquent, toute activité militaire ou navigation dans cette zone, par Taïwan ou des acteurs étrangers, doit se faire dans le respect total de la souveraineté chinoise.
Ces déclarations interviennent dans un contexte de multiplication des manœuvres militaires chinoises à proximité de Taïwan au cours des derniers mois, notamment par des incursions aériennes répétées d’avions militaires chinois dans la région. Des actes que Taïwan qualifie de provocations, tandis que Pékin les présente comme des exercices militaires « de routine sur son territoire ».
De son côté, le ministère taïwanais de la Défense a mis en garde contre la poursuite de ce qu’il décrit comme une pression militaire et des menaces à la souveraineté exercées par la Chine. Selon Taipei, ces provocations récentes constituent une menace pour la stabilité régionale et sapent la confiance internationale dans la paix en Asie.
Dans ce climat de tensions, les inquiétudes de la communauté internationale grandissent face au risque d’une nouvelle crise en Asie, d’autant plus que le détroit de Taïwan est l’un des passages maritimes les plus stratégiques au monde. Une part importante du commerce mondial y transite, et les navires militaires américains et alliés y sont régulièrement présents dans le cadre de ce que Washington appelle « la défense de la liberté de navigation ».
Il est important de noter que la « ligne médiane » du détroit de Taïwan est un concept informel, établi pendant la guerre froide sous médiation américaine, dans le but de limiter les risques de confrontation militaire entre la Chine et Taïwan. Pékin ne l’a jamais reconnue officiellement et considère qu’elle entrave l’application de son principe fondamental de « Chine unique », qu’elle cherche à imposer comme cadre incontournable de ses relations diplomatiques.
Au vu de la rigidité des positions et des interprétations contradictoires, le détroit de Taïwan semble destiné à rester un foyer de tension permanent dans les relations sino-américaines, et un baromètre sensible des équilibres géopolitiques dans la région Asie-Pacifique.
