
Par : Meryem Hafiani – ALDAR
Le Maroc et l’Équateur ont franchi un cap décisif dans le renforcement de leurs relations bilatérales avec l’inauguration officielle de l’ambassade de l’Équateur à Rabat. Cet événement marque une étape majeure dans le renforcement de la présence diplomatique équatorienne sur le continent africain, tout en élargissant les perspectives de coopération entre les deux pays dans des domaines clés et variés.
Cette inauguration s’inscrit dans le cadre d’une visite officielle au Maroc de la ministre équatorienne des Relations extérieures et de la Mobilité humaine, Gabriela Sommerfeld, qui mène un agenda chargé visant à consolider les partenariats politiques, économiques et sécuritaires entre les deux nations. À cette occasion, la ministre a exprimé sa profonde gratitude à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour son soutien déterminant ayant permis la concrétisation de cette initiative diplomatique.
Gabriela Sommerfeld a affirmé que l’ouverture de l’ambassade équatorienne au Maroc reflète la vision du président Daniel Noboa en faveur d’une politique étrangère pragmatique, fondée sur la construction de partenariats stratégiques avec des puissances régionales influentes. Elle a ajouté que cette initiative constitue une plateforme pour élargir la coopération dans des secteurs vitaux tels que le commerce, l’investissement, la sécurité, la lutte contre la criminalité organisée, le terrorisme, le renseignement et la technologie.
Dans un souci de renforcer l’architecture institutionnelle des relations bilatérales, les deux parties ont signé deux mémorandums d’entente. Le premier porte sur l’établissement d’un mécanisme de concertation politique régulière entre les deux pays, permettant l’échange de points de vue sur des questions politiques, économiques, scientifiques et culturelles, en phase avec l’évolution des enjeux mondiaux. Le second vise à intensifier la coopération entre les académies diplomatiques à travers l’échange d’expertises, l’organisation de programmes de formation, de séminaires conjoints et de sessions courtes dans des domaines d’intérêt commun.
La ministre équatorienne a également réaffirmé l’engagement fort de son pays à faire face aux défis transnationaux, notamment le crime organisé, appelant à une coordination régionale et internationale accrue pour contrer ce fléau qui constitue une menace directe pour la sécurité, la stabilité et le développement durable. Elle a plaidé pour un rapprochement stratégique avec le Royaume du Maroc en ce sens, en vue de jeter les bases d’un nouvel ordre international fondé sur la solidarité et les intérêts partagés.
Parmi les mesures concrètes adoptées, figure le lancement d’un processus visant à supprimer l’obligation de visa préalable pour les citoyens équatoriens souhaitant se rendre au Maroc. Dès le mois d’août prochain, il sera possible d’entrer sur le territoire marocain avec des visas délivrés par des pays tiers, ou en remplissant un formulaire en ligne 48 heures avant le voyage. Cette mesure devrait faciliter les déplacements, renforcer le tourisme et dynamiser les échanges commerciaux.
Sur le plan agricole, les deux ministres ont convenu de tirer profit du leadership du Maroc dans le domaine des engrais, en lançant des projets communs entre les secteurs privés des deux pays pour la fabrication et la distribution d’engrais. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre du mémorandum d’entente signé en décembre 2024, qui a permis au Maroc d’accorder à l’Équateur un don de 4 000 tonnes d’engrais, réparti en deux tranches sur les années 2025 et 2026. La première livraison a eu lieu en avril dernier.
Sur le plan économique, Quito a exprimé sa volonté de développer davantage les échanges commerciaux avec Rabat, notamment à travers la signature prochaine d’un mémorandum d’entente pour la création d’un comité économique mixte (JETCO) chargé de faciliter les investissements et d’explorer les opportunités de coopération. De son côté, le Maroc a manifesté un intérêt particulier pour l’importation de produits agricoles équatoriens de qualité, notamment le café et le cacao, tandis que l’Équateur cherche à accéder au marché marocain avec ses exportations agricoles, en particulier les bananes.
L’Équateur aspire également à faire du Maroc une porte d’entrée vers les marchés du Moyen-Orient et de l’Afrique, en tirant profit de sa position géostratégique et de son réseau étendu d’accords internationaux. À cet effet, les deux ministres ont souligné l’importance de renforcer les échanges directs entre opérateurs économiques, exportateurs et importateurs, et de promouvoir les opportunités d’investissement mutuellement bénéfiques.
L’ouverture de l’ambassade et la signature des accords marquent ainsi l’entrée des relations maroco-équatoriennes dans une phase plus dynamique et réaliste, fondée sur les intérêts partagés et offrant des perspectives prometteuses de coopération Sud-Sud dans divers secteurs stratégiques.