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Ibn Battouta et Wang Dayuan : Deux voyageurs sur la route des civilisations entre le Maroc et la Chine

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Au XIVe siècle, alors que les routes commerciales foisonnaient de caravanes et de voyageurs, deux figures marquantes se sont distinguées par leurs expéditions, devenant parmi les premiers bâtisseurs de ponts entre l’Orient et l’Occident : le Marocain Ibn Battouta et le Chinois Wang Dayuan. Aucun des deux n’était un simple voyageur ; ils furent des témoins d’un monde en mutation, des chroniqueurs méticuleux des peuples, des cultures et des coutumes, à une époque où les longues distances représentaient un défi que peu osaient relever.

Ibn Battouta, parti de Tanger en 1325, voyagea pendant des décennies à travers continents et mers, jusqu’à atteindre la Chine, dont la civilisation avancée et l’organisation sociale et administrative le fascinèrent. Son œuvre, Un cadeau pour les observateurs curieux des curiosités des villes et merveilles des voyages, ne constitue pas seulement un récit de voyage, mais un document humain intemporel, offrant une image précise de la vie dans ces contrées lointaines. Il est d’ailleurs remarquable que le président chinois Xi Jinping ait mentionné, dans ses discours officiels, Ibn Battouta comme étant le premier diplomate marocain à avoir atteint la Chine, soulignant ainsi la profondeur des liens civilisationnels unissant les deux pays depuis des siècles.

De l’autre côté de l’Asie, Wang Dayuan parcourait les mers et les ports, du sud de la Chine jusqu’aux côtes de la péninsule Arabique et de l’Afrique de l’Est, consignant ses observations dans son ouvrage Un guide curieux des mers. Certaines études suggèrent qu’il aurait pu avoir des contacts directs ou indirects avec des commerçants marocains dans ces ports, reflet des échanges culturels et commerciaux qui existaient alors entre deux mondes séparés par des milliers de kilomètres, mais unis par la passion de la découverte et de la rencontre.

La Route de la soie, empruntée par ces deux voyageurs, n’était pas seulement un chemin pour l’échange de marchandises telles que la soie, les épices ou l’encens ; elle était aussi un vecteur d’idées, d’expériences et un canal de rencontre entre peuples divers. Cette route a redessiné la carte de la compréhension entre l’Est et l’Ouest, faisant des voyageurs des ambassadeurs de la paix bien avant l’avènement de la diplomatie moderne.

Revenir aujourd’hui sur les parcours d’Ibn Battouta et de Wang Dayuan, à la lumière d’initiatives comme « La Ceinture et la Route », révèle combien l’histoire peut détenir les clés de l’avenir. Ils incarnent deux grandes civilisations qui ont fait le choix du savoir et de l’ouverture plutôt que du conflit, nous léguant une leçon : le dialogue entre les civilisations ne commence pas dans les sommets politiques, mais dans les rencontres entre les gens, sur les marchés, dans les ports et le long des longues routes du voyage.

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