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Jacob Zuma, ancien président de l’Afrique du Sud et actuel leader du troisième parti politique du pays, a clairement et explicitement reconnu la marocanité du Sahara. Cette déclaration marque un tournant majeur dans le discours d’une figure politique longtemps associée au courant favorable à la thèse séparatiste sur le continent africain.
Cette reconnaissance, qui intervient huit ans après une rencontre entre Zuma et le roi Mohammed VI en marge du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba en 2017, constitue l’un des reculs symboliques les plus significatifs dans la position politique sud-africaine, un pays qui a été pendant de longues années l’un des plus fervents soutiens du front Polisario.
Les propos de Zuma, exprimés non pas dans un cadre officiel de l’État mais à travers son nouveau positionnement politique en tant que leader du parti MK (uMkhonto we Sizwe), ont ouvert la voie à de nombreuses interprétations dans les milieux politiques et médiatiques africains. Certains observateurs estiment que ce revirement pourrait s’inscrire dans une dynamique de repositionnement politique interne, notamment face au recul de l’hégémonie de l’ANC et à l’émergence de nouvelles forces politiques prônant une approche plus pragmatique en matière de politique étrangère.
D’autres analystes considèrent néanmoins que cette nouvelle position ne peut être dissociée de l’activisme diplomatique soutenu du Maroc au cours de la dernière décennie. Rabat a en effet réussi à rebâtir ses relations avec de nombreux pays africains sur la base de la coopération économique et des intérêts communs, affaiblissant ainsi le soutien idéologique traditionnel à la cause séparatiste, même au sein des bastions historiques du Polisario.
Ce revirement résume des années de travail diplomatique patient et méthodique mené par le Maroc sur le continent africain. Le Royaume est passé d’une posture défensive à une stratégie d’initiative, réussissant à convaincre un nombre croissant d’États de retirer leur reconnaissance au front séparatiste. Cette stratégie s’est appuyée sur une légitimité historique et juridique, mais également sur une vision de développement ayant fait des provinces du Sud un modèle avancé en matière d’infrastructures et d’investissement.
Dans ce contexte, le dicton populaire « Le jour des semailles n’est jamais celui de la récolte » illustre bien la patience de Rabat dans la gestion de ce dossier complexe. Le travail accumulé commence aujourd’hui à porter ses fruits, y compris auprès de figures qui, hier encore, figuraient parmi les plus farouches opposants à l’intégrité territoriale du Maroc.
La reconnaissance par Jacob Zuma de la marocanité du Sahara ne constitue peut-être pas une finalité, mais plutôt une première étape dans la reconfiguration du discours politique sud-africain concernant ce différend régional. Elle pourrait ouvrir la voie à d’autres voix prônant une approche plus réaliste, loin des logiques de la guerre froide qui ont longtemps influencé les positions de certains régimes africains.