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Dans une scène riche en symboles et en significations politiques, le Dr Sidi Ould Taha, candidat mauritanien, a été élu président de la Banque Africaine de Développement (BAD), succédant au Nigérian Akinwumi Adesina, qui a occupé ce poste prestigieux pendant une décennie. La victoire de Ould Taha, lors des réunions annuelles de la banque à Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire, est survenue après plusieurs tours de scrutin acharnés, où il a réussi à obtenir 76,18 % des voix, devançant largement des candidats venus de Zambie, Sénégal, Tchad et Afrique du Sud.
Ould Taha n’est pas un visage nouveau sur la scène économique africaine. Avec un solide parcours académique s’étendant des universités françaises à des institutions prestigieuses telles que Harvard et la London Business School, ainsi qu’une expérience exécutive comprenant le ministère de l’Économie de Mauritanie et la présidence de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique, cet homme possède un rare mélange de vision et de gestion, qui en fait le choix privilégié de plusieurs capitales africaines à la recherche d’un leadership capable de rediriger le cours du développement dans un continent en pleine mutation.
Ce qui rend cette victoire remarquable ne réside pas seulement dans son aspect technique et institutionnel, mais aussi dans ses dimensions diplomatiques. En effet, l’accession de Ould Taha est le couronnement d’une démarche mauritanienne réfléchie, qui a réussi à mobiliser un fort soutien régional, notamment des pays du Sahel comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui voient en sa candidature l’expression d’un esprit d’unité transcendant les divisions traditionnelles, et qui croit en la capacité des compétences africaines à mener le changement de l’intérieur.
Un message clair a été envoyé par les capitales africaines : il est temps pour une direction née du continent, qui comprenne ses défis, parle sa langue, et possède la volonté d’incarner une transformation réelle vers un développement inclusif et durable. À une époque où le changement climatique s’accélère et où les crises économiques s’aggravent, les institutions africaines ont besoin de leaders courageux, capables de prendre des décisions audacieuses et intelligentes.
La Banque Africaine de Développement, qui compte 81 États membres, dont 54 africains, et qui injecte plus de 11 milliards de dollars chaque année dans des projets de développement, se trouve désormais à un tournant crucial. Avec la prise de fonction officielle de Ould Taha prévue pour le 1er septembre prochain, débute une nouvelle étape qui pourrait offrir à l’Afrique une vision différente, dépassant la perception traditionnelle de l’aide, vers des partenariats basés sur l’innovation, l’investissement dans l’humain et la justice climatique.
La Mauritanie a célébré, l’Afrique a attendu, et Sidi Ould Taha est devenu le symbole d’une phase prometteuse susceptible de transformer profondément le visage du développement sur le continent noir.