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Lors d’une conférence de presse organisée par la Confédération Marocaine de l’Agriculture et du Développement Rural (COMADER), le président de la Confédération a adressé un message fort à l’opinion publique et aux autorités, appelant à une approche responsable face à la situation du secteur agricole et aux souffrances des agriculteurs, notamment dans un contexte de pressions climatiques et économiques affectant durement le secteur.
Dans son allocution d’ouverture, le président a précisé que cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du dernier conseil d’administration de la Confédération, et en application des recommandations issues de la première rencontre nationale des professionnels de l’agriculture, tenue à Salé sous le thème : « L’agriculteur entre enjeux de résilience et défis de durabilité », qui a rassemblé plus de 250 acteurs et professionnels du secteur.
Il a souligné que la COMADER est une instance professionnelle représentative des différentes filières de production agricole, défendant les intérêts des agriculteurs aux niveaux national et international, y compris devant les juridictions européennes.
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Des défis hydriques et économiques étouffants
Dans son diagnostic de la situation actuelle, le président de la COMADER a indiqué que le secteur agricole souffre d’un déficit hydrique sévère en raison des changements climatiques et de la succession des années de sécheresse, auxquels s’ajoutent une hausse vertigineuse des coûts de production, des fluctuations des marchés et un accès limité des agriculteurs au financement.
Malgré les récentes précipitations, il a insisté sur le fait que la réduction continue des quotas d’eau constitue une menace pour la sécurité alimentaire nationale et la pérennité des investissements agricoles, appelant à une vision claire et coordonnée entre les politiques de l’eau et celles de l’agriculture.
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Les revendications spécifiques de la Confédération
Dans un souci de garantir la sécurité alimentaire et la stabilité du monde rural, le président de la COMADER a présenté une série de demandes prioritaires, notamment :
1.Allouer 80 % des besoins en eau d’irrigation aux agriculteurs quelles que soient les circonstances ;
2.Réviser et augmenter les quotas d’irrigation en fonction des besoins des zones les plus touchées ;
3.Permettre aux agriculteurs de planifier leurs activités agricoles sur la base de quotas d’eau clairs et prévisibles ;
4.Impliquer les organisations professionnelles dans les comités régionaux chargés de la gestion des ressources hydriques.
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Hommage aux décisions royales
Le président de la COMADER a salué les mesures royales visant à soutenir les agriculteurs et les éleveurs, en particulier la décision sage d’annuler le sacrifice de l’Aïd Al-Adha cette année en raison de l’insuffisance du cheptel. Il a également souligné l’importance des programmes gouvernementaux issus des orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI – que Dieu l’assiste –, notamment la stratégie « Génération Verte », qui consolide les acquis de l’agriculture depuis le lancement du « Plan Maroc Vert ».
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Assez de marginalisation des agriculteurs et de leur faire porter la responsabilité des autres
Le président de la COMADER a lancé un appel clair : « Assez de pression sur l’agriculteur marocain ! », dénonçant ce qu’il a qualifié de « surenchères injustes » et d’informations erronées qui font porter à l’agriculteur la responsabilité de la hausse des prix ou de la détérioration des conditions, alors qu’il est en réalité la première victime de la sécheresse, de la volatilité des marchés et de l’inflation des intrants.
Il a également appelé à réformer les circuits de commercialisation pour réduire l’emprise des intermédiaires et des spéculateurs, et à promouvoir des circuits courts qui garantissent une meilleure valeur ajoutée pour les produits agricoles et une juste rémunération pour les agriculteurs.
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Le soutien de l’État… est-il suffisant ?
Le président de la COMADER a évoqué la question du soutien public, soulignant que l’aide octroyée aux agriculteurs marocains reste très limitée par rapport à leurs homologues européens. Elle ne dépasse pas 7 milliards de dirhams, tandis que la France, première puissance agricole en Europe, bénéficie d’un soutien annuel d’environ 100 milliards de dirhams.
Il a néanmoins précisé que ce soutien, bien que modeste, est réparti de manière transparente, sous un contrôle institutionnel rigoureux, selon des critères adaptés à la nature des activités agricoles.
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Non à la politisation de l’agriculture… et aux discours sur « l’exportation d’eau »
Le président de la COMADER a rejeté toute tentative de récupération politique de l’agriculture, affirmant que le secteur est « hautement stratégique » et doit être traité dans un esprit de patriotisme, et non dans une logique de campagnes opportunistes.
Il a également critiqué le discours sur « l’exportation d’eau », estimant que celui-ci est simpliste et trompeur, ignorant le fait que le Maroc importe également de « l’eau indirecte » via ses importations alimentaires, alors que les exportations agricoles permettent de générer des devises et de créer des emplois.
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Un appel à une approche responsable et concertée
Le président de la COMADER a conclu son intervention par un appel ouvert à toutes les institutions et acteurs concernés, en faveur de l’adoption d’une approche nationale participative, fondée sur l’équité hydrique, le soutien aux agriculteurs et la convergence des politiques publiques, afin d’atteindre une sécurité alimentaire durable et de poursuivre la construction d’une agriculture nationale forte, résiliente et équitable.