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Face à l’aggravation des défis climatiques à l’échelle mondiale, le besoin pressant de renforcer la conscience collective autour de la crise environnementale qui menace l’avenir de l’humanité devient de plus en plus évident. Une compréhension profonde de la nature de cette crise constitue la clé de toute action internationale efficace. C’est dans cette optique que la Chine propose une nouvelle approche dans sa diplomatie climatique, visant à transformer la manière dont les peuples et les gouvernements interagissent avec la planète – non seulement à travers des accords et politiques, mais également via une sensibilisation populaire étendue.
Le chercheur chinois Gan Junxian, de l’Institut de politique internationale de l’Université de Zhejiang, affirme que le faible niveau de conscience publique concernant la gravité de la crise climatique représente l’un des principaux obstacles aux progrès concrets dans la gouvernance climatique mondiale. Selon lui, le monde est encore loin d’atteindre une perception commune de l’ampleur de cette catastrophe qui se déroule sous nos yeux, en raison des limites cognitives humaines face aux changements environnementaux étendus dans le temps et l’espace, et d’une tendance à se fier uniquement aux phénomènes visibles et immédiats.
Alors que certaines grandes puissances – au premier rang desquelles les États-Unis – adoptent des positions ambivalentes vis-à-vis de leurs engagements climatiques, notamment depuis leur retrait de l’Accord de Paris sur décision de Donald Trump, la Chine semble aujourd’hui avoir une opportunité historique de prendre les rênes du leadership climatique mondial. Et cela passe non seulement par l’action, mais aussi par un discours médiatique qui éveille la conscience collective et rend la science plus accessible à tous.
Dans le cadre de l’élargissement de ses outils diplomatiques, la Chine propose plusieurs initiatives innovantes pour accroître la sensibilisation des peuples à la gravité du changement climatique. Parmi ces propositions, figure la production de documentaires en partenariat avec les pays voisins de l’Himalaya, mettant en lumière la fonte des glaciers et ses répercussions sur les écosystèmes et les populations. Ces documentaires seraient projetés lors des forums et événements majeurs sur le climat, notamment les conférences de l’ONU.
Par ailleurs, la Chine appelle à un partenariat étroit avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), afin de former une équipe mondiale de scientifiques chargés d’expliquer les rapports du GIEC dans un langage simplifié et visuel, diffusé par les médias et la télévision. Cette initiative vise à améliorer la compréhension du public des changements climatiques et à transmettre les données scientifiques de manière claire et percutante.
En outre, la Chine propose de collaborer avec des chercheurs et des institutions médiatiques dans les pays les plus touchés par le changement climatique, afin de produire des contenus visuels racontant les histoires réelles des effets de la crise. Ces productions seraient diffusées sur les plateformes numériques et les réseaux sociaux. Pékin ambitionne même de créer une plateforme en ligne dédiée aux vidéos courtes sur la crise climatique, ouverte aux contributions du monde entier.
Cette nouvelle vision chinoise repose sur une combinaison de science, de diplomatie et de communication, dans le but de construire une conscience mondiale réelle, qui dépasse les cadres des accords formels et s’appuie sur la mobilisation de l’opinion publique internationale face à l’une des crises les plus urgentes de notre époque. La lutte contre le changement climatique ne se joue pas uniquement dans les laboratoires ou les salles de négociation, mais commence dans les esprits et les cœurs des individus.
Ce tournant médiatique marquera-t-il un changement décisif dans le rôle de leadership climatique de la Chine ? Pékin semble convaincue que la réponse sera affirmative.