
ALDAR / Analyse
Au cœur du débat renouvelé sur les relations maroco-israéliennes et la position du Maroc vis-à-vis de la cause palestinienne, la polémique politique refait surface, notamment après les déclarations d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui a choisi d’exploiter la charge émotionnelle et religieuse de la cause palestinienne dans un contexte purement politique interne.
Cependant, de nombreuses voix marocaines, issues de divers horizons, estiment que ce discours n’est plus ni pertinent ni convaincant, et que faire de la Palestine un levier pour revenir sur la scène politique relève davantage de l’opportunisme que d’une position de principe.
La cause palestinienne, avec toute sa portée symbolique, historique et émotionnelle, ne peut devenir un terrain de surenchère entre factions politiques, surtout dans un pays qui a toujours exprimé son soutien indéfectible au peuple palestinien sans jamais compromettre sa souveraineté ni son indépendance de décision.
Depuis que le président palestinien Yasser Arafat a proclamé l’État de Palestine en 1989, le Maroc n’a pas tardé à le reconnaître, et ce, malgré la présence, à cette occasion, de figures associées au projet séparatiste. Pourtant, le Royaume a maintenu une position souveraine, loin des logiques de chantage ou des alignements idéologiques.
Aujourd’hui, Rabat, en toute souveraineté, a fait le choix d’établir des relations diplomatiques avec Israël, comme l’ont fait d’autres pays arabes et musulmans, dont certains chantent nuit et jour leur soutien aux Palestiniens tout en entretenant, en secret, des relations économiques et sécuritaires avec Tel-Aviv. Pourquoi, alors, seul le Maroc subirait-il autant de critiques ?
Le Maroc n’est pas partie prenante dans les conflits idéologiques qui déchirent le Moyen-Orient. Il n’est ni un bois jeté dans le feu des luttes, ni une tribune pour régler les comptes entre islamistes, gauchistes et nationalistes panarabes.
Le Maroc est un pays à l’histoire millénaire, qui s’étend des montagnes de l’Atlas aux déserts du Sud, de Dakhla et Laâyoune jusqu’aux confins de Smara, de Marrakech à Taza et El Haouz, jusqu’au plus petit douar niché dans les coins reculés du pays, là où s’enracine une identité marocaine profonde, bien avant que le monde arabe ne se découvre lui-même.
Ceux qui cherchent à faire pression sur les Marocains au nom de Jérusalem doivent se rappeler que le Maroc n’a jamais failli à son engagement moral et symbolique envers la Palestine, mais sans jamais brader ses intérêts stratégiques ni son intégrité territoriale.
De la même manière que nous ne tolérons pas qu’on touche à Jérusalem, nous n’acceptons pas qu’on touche à Tindouf, à Tanger, ni à Taza. Que ceux qui veulent parler au nom de la Palestine s’adressent donc aux riches Palestiniens installés dans les palais de Doha, Londres ou Washington, et non aux jeunes Marocains qui luttent dans les villages et les montagnes.
La politique étrangère du Maroc n’est dictée ni par la rue ni par les voix populistes. Elle est le fruit d’une décision d’État, fondée sur le principe de souveraineté avant tout, et sur la défense des intérêts suprêmes de la nation.
Aujourd’hui plus que jamais, les Marocains savent que leur patrie ne se vend pas aux enchères idéologiques et ne se négocie pas dans les marchés de la démagogie.
La véritable réponse à cette surenchère ne viendra ni des discours enflammés ni des tribunes médiatiques. Elle sera civilisée et claire, le jour du vote, lorsque le peuple sanctionnera ceux qui ont sous-estimé sa conscience et exploité ses émotions à des fins électoralistes passagères.