
ALDAR /Analyse
Il semble qu’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) marocain, soit parfaitement conscient que ses jours dans les fonctions gouvernementales sont révolus. Malgré cette prise de conscience, Benkirane persiste à s’accrocher à la direction du parti, empêchant ainsi le renouvellement des forces vives et l’introduction de nouvelles têtes qui pourraient rétablir l’équilibre au sein d’un mouvement politique en crise.
L’ironie veut que, plutôt que de contribuer à la reconstruction, Benkirane semble se cramponner à l’épave d’un navire en train de couler, refusant de lâcher le gouvernail malgré l’évidence de la fin imminente. Pendant ce temps, l’exode des dirigeants du parti s’accélère, comme s’ils fuyaient un destin inéluctable, un spectacle qui reflète la profondeur de la crise organisationnelle dans laquelle le PJD se débat depuis la défaite électorale cuisante lors des dernières législatives.
Des observateurs estiment que Benkirane, qui fut jadis une figure emblématique du discours politique populaire et un pont de communication avec la rue marocaine, est aujourd’hui devenu le symbole d’une époque dont les ressources ont été épuisées. Il s’est progressivement transformé en un leader qui se nourrit de son passé politique, jouant le rôle du héros tragique qui choisit de tomber sur scène la tête haute, plutôt que de se retirer calmement et céder la place à ceux qui pourraient sauver le parti de l’effondrement total.
Face à une organisation toujours paralysée et à l’absence de toute perspective claire de réforme interne, le Parti de la justice et du développement court le risque de se transformer en une formation marginale, dépourvue de l’identité qui a fait sa renommée pendant des années. La balle est désormais dans le camp de la base du parti, qui se trouve confrontée à un choix décisif : soit continuer à tourner en rond dans une attente interminable, soit exercer des pressions pour un véritable changement de leadership qui redonnera un sens au travail politique au sein du parti.