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Quand le régime algérien fabrique ses propres crises : d’un simple hashtag à un règlement de comptes interne au nom de la souveraineté

ALDAR / Analyse

Dans un paysage devenu familier en Algérie, il n’est plus surprenant de voir de simples interactions superficielles sur les réseaux sociaux se transformer en affaires de “sécurité nationale”, mobilisant les institutions de l’État et agitées comme des drapeaux rouges par les lois et les sanctions. C’est exactement ce qui s’est passé récemment après la diffusion d’un hashtag jugé offensant envers l’Irak, que le régime algérien a exploité pour créer une crise diplomatique masquant des enjeux bien plus profonds que de simples propos déplacés.

Tout a commencé par des déclarations médiatiques perçues comme insultantes à l’égard de l’Irak et de son peuple. Rapidement, l’opinion publique irakienne s’est emparée de l’affaire, exprimant colère et indignation face à ce qu’elle considérait comme une atteinte à l’histoire et à l’identité d’un pays frère. Ce qui interpelle, cependant, ce n’est pas tant le contenu des déclarations que leur instrumentalisation rapide par les autorités algériennes, comme si celles-ci attendaient cette étincelle.

Plutôt que de désamorcer la situation, le discours officiel a choisi la surenchère et le catastrophisme, présentant l’affaire comme une “conspiration orchestrée” contre l’Algérie, et affirmant que ces propos n’étaient pas de simples dérapages médiatiques, mais bien une attaque planifiée contre l’État et ses institutions. Ainsi, le hashtag s’est transformé en une tribune pour régler des comptes internes et pour diaboliser l’opposition ainsi que toute voix critique, même lorsque la polémique concernait à l’origine un autre pays.

Les ministères ont été mobilisés, les services de sécurité alertés, et le discours de la trahison a été lancé, ressassant encore une fois les mêmes rengaines que les Algériens connaissent trop bien : “les ennemis nous guettent”, “la souveraineté nationale est en danger”, “aucune voix ne doit dépasser celle de la nation”. Comme si le régime, à chaque crise, avait besoin d’un nouveau prétexte pour justifier la répression des libertés et l’étouffement des voix libres.

La véritable ironie réside dans le fait que ceux qui sont montés au front dans cette affaire sont souvent les mêmes qui ont commis des erreurs diplomatiques et médiatiques flagrantes : entre gaffes dans les forums internationaux et déclarations ridicules devenues virales, ils sont désormais la risée sur la scène mondiale. Pourtant, le régime ne les tient jamais responsables, préférant retourner sa colère contre les citoyens.

En profondeur, cet épisode illustre l’incapacité du régime à gérer les affaires intérieures, son réflexe permanent de fuir en avant en exportant les crises, et sa tendance chronique à inventer un “ennemi extérieur” dès que la pression sociale ou politique s’intensifie.

Le résultat ? Une image de l’Algérie ternie au niveau régional, une indignation populaire en Irak, et un silence officiel sur le cœur du problème : un régime incapable de distinguer l’État du “buzz”, la critique de l’hostilité, et l’intérêt du peuple des intérêts du pouvoir.

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