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Le Maroc s’apprête à réaliser un exploit inédit dans son histoire énergétique, en s’approchant de la production de gaz naturel liquéfié (GNL) pour la première fois. Ce développement s’inscrit dans le cadre du projet de développement du champ de “Tendrara”, situé à l’est du royaume, et géré par la société britannique Sound Energy. Ce champ est le plus grand projet de gaz terrestre au Maroc et l’un des investissements énergétiques les plus importants de la région, ouvrant de vastes perspectives pour réduire la dépendance aux importations et renforcer la sécurité énergétique.
Sound Energy a annoncé que l’usine de liquéfaction du gaz à Tendrara entrera en phase d’essai opérationnel durant l’été de cette année, avec un début de production commerciale prévu pour la fin du dernier trimestre. Dans sa première phase, la capacité de production du projet est estimée à environ 10 millions de pieds cubes par jour, avec la possibilité de l’augmenter à 40 millions de pieds cubes par jour à moyen terme, grâce au développement d’autres champs gaziers à proximité.
Cette production représente une avancée majeure pour le Maroc, qui produit actuellement moins de 100 millions de mètres cubes de gaz naturel par an, en s’appuyant sur de petits champs situés dans l’ouest du pays. Avec l’épuisement progressif des réserves de ces champs, des projets comme Tendrara viennent offrir une alternative durable qui renforce les capacités de production locales.
Le permis d’exploitation du champ de Tendrara s’étend sur une superficie de 133,5 km² et contient des réserves estimées à 10,67 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Depuis le début des travaux d’exploration dans la région, Sound Energy a investi plus de 160 millions de dollars. Dans une démarche stratégique, la société britannique a vendu 55 % de sa part dans le permis l’année dernière à la société marocaine Managem pour 45 millions de dollars, tout en conservant 20 % du projet. L’État marocain, via l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), détient une participation de 25 %.
Le directeur général de Sound Energy, Graham Lyon, a souligné que le projet ne se limitera pas à répondre aux besoins locaux, mais contribuera également à renforcer les capacités du Maroc à exporter du gaz naturel liquéfié via des partenaires internationaux.
En parallèle au développement du champ, un pipeline de 120 kilomètres est en cours de construction pour relier l’usine de Tendrara au gazoduc Maghreb-Europe, qui était auparavant utilisé pour transporter le gaz algérien vers l’Europe via le Maroc. Cet ouvrage, réalisé avec un investissement de 400 millions de dollars, permettra d’utiliser les infrastructures existantes pour acheminer le gaz marocain vers le marché international, via l’Espagne.
Le projet Tendrara constitue une transformation qualitative dans le secteur énergétique marocain, en réduisant la dépendance aux importations de gaz naturel, estimées actuellement à un milliard de mètres cubes par an. Le gaz importé est principalement utilisé pour la production d’électricité, le séchage des phosphates, ainsi que dans des industries telles que la céramique et le fer. Avec le début de la production locale, des économies financières substantielles sont attendues, en plus de renforcer l’autonomie énergétique du royaume.
Les entreprises marocaines, comme Afriquia Gaz, filiale du groupe Akwa, bénéficieront également de cette production en prenant en charge la distribution du gaz liquéfié sur le marché local, garantissant ainsi la satisfaction de la demande intérieure à des prix compétitifs.
Malgré les avancées, le projet fait face à des défis liés aux infrastructures et à l’acheminement du gaz vers les marchés internationaux. Cependant, les partenariats public-privé, tels que la collaboration entre Sound Energy et Managem, constituent un modèle à suivre pour attirer des investissements supplémentaires dans le secteur énergétique.
Le succès du projet Tendrara devrait encourager une augmentation des investissements étrangers dans l’exploration et la production de gaz naturel au Maroc, en particulier avec la présence d’autres réserves gazières dans des régions comme le Gharb et Boujdour.
Le projet Tendrara marque un nouveau départ pour le secteur énergétique marocain, avec des perspectives prometteuses pour renforcer l’économie nationale, créer des emplois et réduire la dépendance aux importations. Ce projet ne représente pas seulement un investissement énergétique, mais également une étape stratégique vers une plus grande autonomie énergétique pour le royaume, lui permettant de renforcer sa position en tant que hub énergétique régional.
