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Le vice-directeur du journal “La Vanguardia” espagnol écrit : Trump ouvrira un consulat américain à Dakhla, et la France également

Par : Enrique Jolyana*

Les premières frictions entre la présidence de Trump et l’Espagne étaient géographiques. Les trois premières étincelles concernaient les cartes.
Cartes, cartes, cartes. La CIA (Central Intelligence Agency) a mis à jour son livre des données et a effectué un changement substantiel sur la carte du Maroc : toute frontière avec le territoire du Sahara occidental a complètement disparu. Il n’y a plus de ligne continue ni de ligne de points. La carte montre l’ancienne colonie espagnole comme faisant partie intégrante du territoire marocain. La carte, consultable sur le site officiel de la CIA, est accompagnée de la note suivante : « Carte du Maroc montrant les principales zones urbaines, ainsi que des parties des pays voisins et l’océan Atlantique Nord. Il est à noter qu’en 2020, les États-Unis ont reconnu le Sahara occidental comme faisant partie intégrante du Maroc ».

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Il ne s’agit pas d’un détail mineur. La CIA rappelle, à travers ses cartes, l’engagement de Donald Trump à la fin de son premier mandat en 2020 : la reconnaissance unilatérale de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, peu importe ce que dit l’ONU.
Après cette déclaration, Rabat a lancé en 2021 une vaste campagne pour convaincre l’administration Biden d’adopter cette position et de franchir une étape supplémentaire en ouvrant un consulat américain à Dakhla, la vieille ville anciennement appelée « Villa Cisneros », située à environ 500 kilomètres de Laâyoune. La campagne était également dirigée contre l’Espagne et a conduit à une crise diplomatique aiguë en mai 2021, prétexte à la venue en Espagne d’Ibrahim Ghali, le chef du Front Polisario, pour se soigner du COVID-19. Les relations diplomatiques entre les deux pays étaient en quarantaine pendant plusieurs mois.

L’administration Biden n’a pas ouvert de consulat à Dakhla et a évité de mener des manœuvres militaires sur les terres sahariennes, mais elle a contribué à ce que l’Espagne prenne une décision importante : reconnaître que la transformation du Sahara en une région autonome sous souveraineté marocaine pourrait être la meilleure solution au conflit, tout en maintenant la supervision de l’ONU. Géographiquement, la ligne frontière a été réduite à une ligne de points, en attendant la décision de l’ONU, qui a nommé l’ambassadeur italo-suédois Staffan de Mistura comme représentant spécial du secrétaire général. La ministre des Affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, a été démis de ses fonctions (en juillet 2021), et une déclaration apaisante avec le Maroc a été publiée, soutenue par les États-Unis (en mars 2022), ouvrant immédiatement une nouvelle crise diplomatique avec l’Algérie, qui est partiellement fermée à l’heure actuelle.

Le changement de la carte de la CIA, qui coïncide avec le changement de présidence, indique que Trump revient à son point de départ. Nous pourrions bientôt voir un consulat américain à Dakhla. La diplomatie espagnole s’attend à ce mouvement et considère qu’il est également probable que la France ouvre un consulat dans les territoires sahariens. Le président Emmanuel Macron a rétabli des relations avec le roi Mohammed VI avant les élections présidentielles américaines.

Plus de cartes. Trump souhaite que le golfe du Mexique soit appelé « Golfe de l’Amérique ». Il l’a annoncé il y a quelques semaines et l’a inclus dans ses premiers décrets exécutifs. C’est une question qui concerne aussi l’Espagne. Le nom « Golfe du Mexique » a été utilisé sur les cartes depuis le XVIIe siècle et était également appelé le « Sen Mexicain ». Il se situe entre le sud-est des États-Unis, la côte orientale du Mexique et l’île de Cuba, et était considéré comme l’une des principales voies d’accès au continent américain pour les missions maritimes. Le premier Européen à découvrir cette « mer cachée » a été l’explorateur espagnol Sebastián de Ocampo en 1508, qui fut également le premier à faire le tour de l’île de Cuba. Trump a donné un délai de 30 jours pour renommer le golfe. Il est prévu que les partisans de l’empire espagnol émettent un avis à ce sujet.

*Vice-directeur du journal La Vanguardia espagnole

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