Les propositions de courtes périodes de transition suggérées par l’Algérie et le Nigeria restaient vendredi sans réponse des militaires au pouvoir depuis un mois à Niamey, qui continuaient leur bras de fer diplomatique avec la France.
Si la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) reste ferme sur sa position – un rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et la réinstallation du président renversé Mohamed Bazoum – deux voisins du Niger ont ouvert la porte à une éventuelle transition.
Le président nigérian Bola Tinubu, par ailleurs président en exercice de la Cedeao, a cité en exemple jeudi la transition de neuf mois qui avait eu lieu dans son pays en 1999.
« Le président ne voit pas de raison que cela ne puisse pas se reproduire au Niger, si les autorités militaires sont sincères », a rapporté un communiqué de la présidence nigériane.
En début de semaine, l’Algérie, autre influent voisin du Niger, avait été plus précis en proposant au régime militaire un « plan de transition de six mois » sous la tutelle d’une « autorité civile ».
Pour l’heure, les généraux au pouvoir à Niamey n’ont pas réagi à ces propositions et leur seule prise de parole sur le sujet remonte au 19 août lorsque le nouvel homme fort du pays, le général Abdourahamane Tiani, avait indiqué vouloir une transition de trois ans maximum.
La Cedeao brandit depuis plusieurs semaines la menace d’une intervention armée pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, une hypothèse toujours d’actualité selon Hassoumi Massoudou, chef de la diplomatie sous Mohamed Bazoum.
« La Cedeao est décidée à mener une intervention militaire. Jusqu’ici elle a choisi la voie diplomatique, ce qui est normal. Mais si toutes les négociations échouent, la Cedeao n’aura pas d’autre option que de prendre une décision militaire », a-t-il assuré dans une interview au quotidien espagnol El Pais.
Vendredi, une vingtaine d’organisations de défense des droits de l’Homme ont appelé dans une lettre la Cedeao à lever les lourdes sanctions économiques imposées au Niger par l’organisation à la suite du putsch.
Ces sanctions vont « davantage aggraver la vulnérabilité des populations nigériennes (…) suscitant l’incompréhension des personnes démunies qui attendaient de leur organisation sous-régionale plus de solidarité et d’empathie », écrivent-elles, mentionnant notamment la « suspension de la fourniture d’électricité » et des problèmes d’approvisionnement en nourriture et médicaments.
La tension reste par ailleurs élevée entre le régime et la France, ancienne puissance coloniale et partenaire du Niger pour la lutte antijihadiste notamment.
Les autorités ont retiré l’immunité et le visa diplomatiques de l’ambassadeur de France et ont annoncé leur intention de l’expulser, dans un courrier adressé mardi à Paris.
Vendredi dernier, ils avaient dans un premier temps laissé 48H à Sylvain Itté pour quitter le territoire, un ultimatum rejeté par Paris qui estime que ce gouvernement est illégitime et n’a donc aucune autorité pour fonder une telle requête.
Jeudi, les voitures qui sortaient de l’ambassade de France étaient systématiquement fouillées par les forces de l’ordre, selon le témoignage de riverains à l’AFP.
Un autre ultimatum pourrait arriver à expiration dans le week-end: le 3 août, les nouveaux dirigeants nigériens avaient dénoncé plusieurs accords militaires avec la France, qui compte 1.500 soldats déployés dans la lutte antijihadiste au Niger.
Les accords contenaient tous différents préavis pour leur fin effective, dont l’un, relatif à un accord de 2012, était d’un mois, selon les militaires.
Plusieurs appels à des « sit-in » ont été lancés par des organisations de la société civile à partir de vendredi après-midi pour demander le départ des forces françaises.
Le Niger fait face depuis plusieurs années à des violences jihadistes meurtrières qui endeuillent sa partie sud-ouest, près des frontières du Burkina et du Mali, et sa partie sud-est près du bassin du Lac Tchad et de la frontière du Nigeria.
Jeudi soir, les autorités ont annoncé la suspension des activités des ONG, organisations internationales et agences onusiennes dans des zones d’opérations militaires « en raison de la situation sécuritaire du moment ».
Les zones concernées n’ont pas été précisées, mais selon le bureau local de l’agence humanitaire de l’ONU (Ocha), les localités autour de Banibangou, Sanam, Anzourou et Bankilaré, toutes situées dans la région de Tillabéri (sud-ouest) sont visées, en raison de la « recrudescence de la présence et d’activités » des groupes jihadistes.
Les Nations unies ont annoncé vouloir prendre contact avec les militaires après cette décision pour « mieux comprendre ce que cela signifie et quelles sont les conséquences pour l’activité humanitaire ».
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