Promis à un marathon judiciaire en 2024, Donald Trump devrait connaître lundi la date de son rendez-vous avec la justice fédérale à Washington pour ses tentatives d’inverser le résultat de l’élection de 2020, potentiellement le plus grave des procès qui l’attendent.
Le sort de l’ancien président américain, candidat favori des primaires républicaines, dépendra de la décision de la juge fédérale Tanya Chutkan.
Elle est appelée à trancher entre la proposition du procureur spécial Jack Smith, qui souhaite que le procès de Donald Trump à Washington débute le 2 janvier 2024 et ne dure pas « plus de quatre à six semaines ».
Et celle des avocats du républicain qui suggèrent une date bien plus lointaine: en avril 2026, bien après la présidentielle de novembre 2024.
L’avocat de Trump, John Lauro, s’est indigné avec véhémence lundi contre la proposition de date de l’accusation en janvier. « Vous demandez un procès spectacle, pas un procès rapide », a-t-il dénoncé lors de l’audience.
Si le calendrier proposé par l’accusation était retenu, la lecture de toutes les pièces du dossier équivaudrait à « lire Guerre et Paix de Tolstoï, de bout en bout, 78 fois par jour », jusqu’au début du procès, a argué la défense.
Mais la juge Chutkan a d’ores et déjà semblé écarter l’option d’un procès tardif.
« Vous n’allez pas avoir deux ans de plus, cette affaire ne sera pas jugée en 2026 », a-t-elle déclaré lundi.
La plupart des experts juridiques considèrent le délai de deux ans et demi réclamé par les avocats-conseils de l’ex-président comme exorbitant et s’attendent à une échéance plus proche des souhaits du procureur.
En outre, la juge a déjà mis en garde Donald Trump contre toute « déclaration incendiaire susceptible de polluer la sélection du jury », qui ne pourrait qu’encourager la magistrate à fixer une date rapprochée pour le procès.
Cela n’a pas empêché le milliardaire républicain d’accuser sans preuves lundi le président Joe Biden d’être responsable de ses inculpations, qualifiant à nouveau le dirigeant démocrate de « crapule ». Les deux hommes pourraient une nouvelle fois être opposés lors de la présidentielle de novembre 2024.
La décision de la juge Chutkan pourrait peser lourd sur le destin électoral de Donald Trump, désormais inculpé dans quatre affaires au pénal.
Le septuagénaire est à la fois accusé à New York de paiements suspects à une ancienne actrice de films X, de gestion négligente de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche — une affaire jugée en Floride — et de pressions électorales en Géorgie lors du scrutin de 2020.
C’est cette dernière affaire, dans cet Etat du sud-est du pays, qui lui a valu sa prise de photo d’identité judiciaire, un cliché déjà historique, la semaine dernière.
Les dates des procès ont déjà été fixées pour New York et la Floride: respectivement mars et mai 2024, mais ce calendrier pourrait évoluer.
« Je suppose que les quatre juges en charge de ces dossiers ont tenté de coordonner l’ordre des procès et que les procureurs de New York et de Géorgie reporteront les leurs par déférence pour les affaires fédérales », explique à l’AFP Carl Tobias, professeur de droit à l’université de Richmond.
Pour Whit Ayres, un consultant politique républicain, un acquittement de Trump à son premier procès à venir, quel qu’il soit, contribuerait à rendre son avance dans les primaires républicaines irréversible.
« Je ne vois pas comment il serait possible de l’arrêter » dans sa course à l’investiture, a-t-il dit dans une interview en ligne.
« Mais s’il est condamné pour une accusation grave, je ne sais pas comment les gens réagiraient », a-t-il poursuivi, « parce que nous n’avons jamais connu de situation qui ressemble de près ou de loin à celle-ci ».
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