Des hélicoptères militaires et des commandos pakistanais ont sauvé huit personnes, dont six écoliers, bloquées depuis des heures dans une cabine de téléphérique artisanal suspendue au-dessus d’un profond ravin, dans une région montagneuse et isolée du nord-ouest du Pakistan.
Les six écoliers ont été coincés avec deux adultes pendant plus de 12 heures mardi après la panne de leur télécabine dans la verdoyante vallée d’Allai, une région montagneuse et isolée, avant d’être sauvés en soirée par des hélicoptères militaires et des experts en tyrolienne.
Ils étaient sur le chemin de l’école, où trois d’entre eux devaient recevoir leurs résultats de fin d’année, quand deux des trois câbles actionnant la cabine ont cédé, l’arrêtant à plus de 300 m au-dessus du précipice.
« Quand l’incident a eu lieu, j’ai tout oublié. Tout ce dont je me rappelais, c’était ma mère et Dieu », a raconté à l’AFP l’un d’entre eux, dénommé Niaz Muhammad, 18 ans, et originaire du village de Pashto.
Mercredi, Niaz et ses deux camarades ont marché pendant deux heures sur un sentier rocailleux pour rejoindre leur école et découvrir qu’ils avaient réussi leurs examens, avant d’être à nouveau examinés par des médecins.
Certains des passagers du téléphérique de fortune ont expliqué à l’AFP avoir plusieurs fois perdu tout espoir et avoir envisagé en sauter.
« Certains des enfants étaient très frustrés et ont pensé à sauter, mais les passagers plus âgés nous ont donné confiance », a rapporté Rizwan Ullah, 15 ans.
« Quand la télécabine a tournoyé, nous étions terrifiés et nous avons commencé à réciter le Coran et à nous encourager pour ne pas sauter », a-t-il ajouté.
Tout l’après-midi mardi, des hélicoptères de l’armée ont mené des opérations de reconnaissance à proximité de la cabine.
Un soldat a été descendu dans un harnais pour donner aux occupants de la nourriture, de l’eau et des médicaments, mais le courant d’air causé par les pâles l’a fait toucher le dernier câble retenant la cabine, laquelle a vrillé et tremblé.
« Quand l’hélicoptère est arrivé puis reparti sans nous avoir secourus, nous avons perdu espoir », a indiqué Gul Faraz, un commerçant de 25 ans qui était également dans la cabine.
« Il y a eu des moments où nous avons pensé que nous n’allions pas survivre », a-t-il reconnu.
Les habitants, qui gèrent eux-mêmes le téléphérique, avaient dû recourir aux hauts-parleurs des mosquées pour alerter les autorités de l’autre côté de la vallée, dans cette zone dénuée de toute route ou pont.
Pendant des heures, des villageois et proches rassemblés de part et d’autre du profond ravin, situé à plusieurs heures de toute agglomération, ont fébrilement assisté aux opérations de secours.
Un premier enfant a finalement pu être hélitreuillé au bout de 12 heures, alors que la lumière du jour commençait à décliner. L’hélicoptère de l’armée a ensuite été contraint par les conditions météo et la tombée de la nuit à rentrer à la base.
Des commandos du Special Service Group (SSG) pakistanais, connus sous le nom de « Maroon Berets », et des experts locaux ont alors utilisé le câble retenant la nacelle comme une tyrolienne pour secourir le reste du groupe.
Les deux adultes ont été les derniers à être récupérés, quelques heures plus tard.
Le Premier ministre, Anwaar-ul-Haq Kakar, a qualifié les sauveteurs de « héros de la nation ».
« Un formidable travail d’équipe de l’armée, des services de secours, des autorités locales et de la population », a-t-il salué sur X (anciennement Twitter).
Niaz a le sentiment qu’une « seconde vie » lui a été accordée. « C’était le moment le plus terrifiant de ma vie ».
« Quand je suis arrivé chez moi, elle (sa mère) m’attendait à la porte. Nous nous sommes enlacés, elle m’a embrassé et nous avons pleuré. C’était très émouvant pour nous deux », a-t-il repris.
Au Pakistan, de telles cabines artisanales activées par des câbles ou parfois de simples cordes, sont fréquemment utilisées pour relier des villages isolés dans les régions montagneuses.
Les autorités ont annoncé mercredi la fermeture de tous les dispositifs de ce type pendant une semaine dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, où s’est produit l’incident, le temps qu’ils soient inspectés.
Mais, comme d’autres dans son village, Niaz n’a, malgré la rude épreuve qu’il vient de vivre, pas d’autre option que de continuer à utiliser le téléphérique pour se déplacer.
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