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Le BTP retrouvera-t-il son dynamisme d’avant-crise ?

Si le Haut-Commissariat au Plan (HCP) se montre optimiste quant aux perspectives du secteur du Bâtiment et travaux publics (BTP) en 2021, les professionnels, eux, semblent inquiets et revendiquent davantage d’accompagnement et d’assouplissement pour assurer le redécollage du secteur.

Le BTP, dont l’activité représente plus de 6% de l’économie marocaine, devrait connaître une croissance de 5,1% en 2021 après une chute de 9,8% en 2020. Le HCP explique ses pronostics par le dynamisme de l’activité des travaux d’infrastructure favorisé par la hausse de l’investissement public.

La branche du bâtiment, qui aurait été sévèrement pénalisée l’année dernière par un double choc d’offre et de demande dû à la crise, devrait être tirée en 2021 par une reprise de la demande et favorisée par la politique publique mise en œuvre et la nouvelle politique axée sur la digitalisation.

En effet, les pertes d’emploi et la réduction des salaires en 2020 auraient entraîné une dégradation du pouvoir d’achat des consommateurs et par conséquent impacté la commande privée. De plus, l’arrêt des chantiers en raison des restrictions imposées pour maîtriser la pandémie du Covid-19 et la baisse des ventes de logements auraient freiné les investissements des promoteurs immobiliers.

Impact économique et social colossal

Le secteur BTP, qui contribue considérablement à la croissance économique et génère des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie nationale, a effectivement encaissé de grandes pertes en termes de chiffres d’affaires mais aussi en termes d’emploi.

« 2020 a été l’année la plus difficile pour notre secteur avec une perte catastrophique de chiffre d’affaires, variant entre 40% et 60% selon l’activité (bâtiments ou travaux publics), et d’emplois constatée notamment au niveau des occasionnels », a souligné le président de la Fédération nationale du BTP (FNNBTP) El Mouloudi Benhammane, dans une interview à la MAP.

Et d’ajouter que plusieurs entreprises ont dû fournir des efforts colossaux pour sauvegarder les emplois permanents dans la perspective d’une véritable relance.

« Les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, comme la limitation des déplacements intervilles et les règles de distanciation, qui ont fortement affecté l’exécution des chantiers, ont accentué l’impact de la crise sur la trésorerie des entreprises », a-t-il martelé.

Face à cette situation, des mesures ont été mises en place afin d’atténuer ces effets et d’amorcer la relance de ce secteur. Il s’agit notamment de la réduction de 50% des droits d’enregistrement relatifs à l’acquisition des logements et des terrains destinés à la construction dont la valeur ne dépassant pas 2,5 MDH et leur annulation pour le logement social, la suspension de l’application du référentiel des prix et le report des échéances de crédits.

Une autre mesure a été adoptée récemment par le Comité de veille économique qui consiste en un assouplissement des conditions concernant les crédits Damane Relance en faveur des entreprises du BTP.

Néanmoins, M. Benhammane estime qu’il s’agit de « conditions défavorables pour notre secteur, qui ont été imposées par le produit Damane Relance, notamment le ratio de 7, mais également l’interprétation des dettes bancaires où on a confondu +dette bancaire+ et +dette souveraine+ (droits constatés), ce qui a exclu une grande partie des entreprises de notre secteur ».

« Les entreprises qui ont respecté le ratio de 7 n’ont quant à elles bénéficié que de crédits insignifiants », a-t-il fait remarquer.

Parmi les contraintes auxquelles fait face le secteur, le président de la FNBTP a également noté que plusieurs maîtres d’ouvrages publics ne prennent pas en considération les retards causés par la pandémie et sanctionnent les entreprises du secteur impactées par la crise via des pénalités de retard, des mises en demeure, voire des résiliations de contrats.

Ce comportement menace plusieurs entreprises de disparition et aggrave la problématique de trésorerie, a-t-il dit, estimant par la même que « le système bancaire considère que le secteur du BTP est à haut risque et ne veut plus accorder des crédits de fonctionnement supplémentaires pour améliorer la trésorerie des entreprises ».

La commande publique : seule bouée de sauvetage

Pour M. Benhammane, le BTP n’a pas été considéré à sa juste valeur dès le début de la pandémie et n’a pas bénéficié des mêmes avantages que les autres secteurs comme l’industrie ou le tourisme.

De ce fait, il a relevé que le secteur ne peut véritablement reprendre le rythme normal de sa contribution à la relance de l’économie nationale, que s’il se voit accorder un « véritable » accompagnement.

« Nous souhaitons donc que la reprise du dossier des mesures d’accompagnement du secteur, selon les nouvelles dispositions sanitaires, ne prenne pas autant de temps et ne doit pas être retardée par d’autres conditions qui pourraient empêcher, une fois de plus, nos entreprises de bénéficier des assouplissements escomptés », a-t-il dit.

Évoquant la reprise des ventes de ciment, principal baromètre du secteur, il a relevé que cette légère amélioration peut s’expliquer par la reprise de grands projets tels que les ports et certains barrages mais aussi par la faible reprise de l’activité immobilière.

« Or, cela a été observé auprès d’une minorité d’entreprises seulement et ne concerne pas le secteur dans sa totalité, constituée principalement de TPME », a-t-il précisé.

« La baisse des ventes demeure considérable et nous espérons que l’activité reprenne », a-t-il poursuivi, précisant que la reprise de l’économie nationale reste tributaire de la reprise de la commande publique, notamment dans le BTP.

Au moment où les IDE connaissent une baisse en raison d’une crise mondiale inédite et la commande privée semble réduire ses investissements jusqu’à ce que les incertitudes se dissipent, la commande publique demeure le seul soutien au BTP, un secteur stratégique de l’économie marocaine et l’un des principaux pourvoyeurs d’emploi.

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