Le produit intérieur brut (PIB) réel du Maroc devrait se contracter de 6,3% en 2020 et le retour au niveau préalable à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19) ne serait possible qu’à partir de 2022, a affirmé Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale (BM) au Maroc.
« Bien que l’économie marocaine montre quelques signes de reprise, la situation reste fragile étant donné la dégradation récente de la situation épidémiologique. Dans ce contexte incertain, une contraction du PIB réel de 6,3 % est prévue en 2020, tandis qu’un retour au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022 », a annoncé M. Cassou, lors de la table ronde dédiée à la présentation du rapport de suivi de la situation économique du Maroc – De la riposte d’urgence à la reprise.
M. Cassou a fait ressortir que la pandémie du Covid-19 a brusquement interrompu plus de deux décennies de progrès socio-économique soutenus au Maroc. « En 2020, le pays devrait subir sa première récession depuis les années 1990, et la contraction économique qui a eu lieu au deuxième trimestre, coïncidant largement avec le confinement, est la plus importante jamais enregistrée », a-t-il ajouté.
Et de souligner que c’est le résultat de la combinaison des chocs de l’offre et de la demande et des chocs externes provoqués par la pandémie, mais aussi des effets des conditions climatiques défavorables sur la production agricole. La crise a eu un impact sévère sur les emplois et les revenus des ménages, générant le pic du chômage et une détérioration des indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité.
« Le PIB marocain a connu une chute très marquante au titre du 2ème trimestre de l’année 2020 allant jusqu’à -15%, avec une légère reprise économique au 3ème et 4ème trimestres », a-t-il dit, notant qu’entre le 3ème trimestre de 2019 et le 3ème trimestre de 2020, l’économie marocaine a perdu plus de 580.000 emplois, notamment en milieu rural.
Également, comme dans d’autres pays à travers le monde, la crise actuelle entraînera une augmentation considérable du déficit budgétaire jusqu’à 7,8%t du PIB en 2020, et la dette publique devrait dépasser 76% du PIB. Quant au déficit du compte courant, il devrait également augmenter pour atteindre 6% du PIB cette année.
Malgré la gravité de la crise, le Maroc est mieux placé que d’autres économies émergentes pour résister à cette tempête grâce à la crédibilité de son cadre macro-budgétaire, à ses tampons extérieurs relativement importants et à son accès aisé aux marchés financiers internationaux, a expliqué M. Cassou qui est également auteur de ce rapport réalisé en collaboration avec Amina Iraqi, Économiste à la BM.
Au titre de l’année 2021, plusieurs risques sont à suivre de près à savoir la marge de manœuvre de la politique économique pour faire face à une éventuelle aggravation de la crise sanitaire ou internationale, les conditions de financement extérieur qui pourraient se détériorer, les besoins de financements qui sont élevés, l’évolution des échéances en souffrance dans un contexte d’augmentation des délais de paiement, l’importante accumulation de passifs contingents liés aux programmes de garanties mis en place par le gouvernement et le besoin de pousser la croissance économique au dessus des niveaux pré-pandémiques.
Le Rapport de suivi de la situation économique du Maroc, intitulé « De la riposte d’urgence à la reprise » et qui vient d’être publié, est un rapport semestriel du Département économique de la Banque mondiale. « Ce rapport semi-annuel fait partie d’une nouvelle série que nous allons commencer à publier spécifiquement sur le Maroc », a précisé Eric Le Borgne, Chef de département macroéconomique commerce et investissement.
Présenté en présence notamment du directeur de la région Maghreb à la BM, Jesko S. Hentschel, ce rapport expose les dernières tendances de la conjoncture et les effets des politiques économiques. Ce numéro de décembre 2020 comprend un chapitre sur l’impact de la pandémie sur le secteur privé formel. Il présente les résultats d’une enquête menée auprès de plus de mille entreprises formelles avant et après le début de la pandémie, et aborde également une discussion sur des mesures qui pourraient accélérer la reprise du secteur privé.