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Inculpation de Trump: une longue attente avant l’ouverture d’un éventuel procès

En se retrouvant au banc des accusés dans un tribunal vétuste de New York, Donald Trump a vécu une épreuve qu’aucun autre ancien président des Etats-Unis n’a connu. Historique, inédit, explosif, autant d’adjectifs utilisés par les médias américain pour décrire cette mise en accusation. Trump l’a décrit comme étant “surréaliste”.

Mais ce n’est pas pour une simple affaire d’infidélité, quatre mois après l’accouchement de sa troisième épouse Melania, que l’ancien président des Etats-Unis vient d’être inculpé. Si le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, a établi une liste de 34 chefs d’accusation, ce n’est pas uniquement parce que Trump a acheté le silence de la femme avec laquelle il aurait eu une liaison, ce qu’il dément, mais plutôt parce qu’il craignait, si elle parlait, que l’affaire nuise à sa campagne pour la présidentielle de 2016.

Trump a plaidé non coupable. Payer un pot de vin est dans l’Etat de New York un délit mineur. Mais Alvin Bragg veut prouver qu’au-delà du chèque de 130.000 dollars versés par Michael Cohen, l’avocat de Trump, pour étouffer l’affaire gênante, il y a eu falsification de documents comptables.

Cohen avait payé de sa poche, et Trump l’avait remboursé en 11 mensualités. La somme avait été facturée comme des paiements pour frais juridiques fictifs. Deux autres pots de vin avaient été versés, dans une autre affaire similaire, ainsi qu’à un portier qui aurait eu des informations tout aussi compromettantes.

Mais le procureur s’est surtout intéressé à l’affaire dite Stormy Daniels, car il dispose avec Michael Cohen d’un témoin clé. L’avocat, qui a été condamné à 3 ans de prison et qui aurait exécuté les basses œuvres de son patron, a retourné sa veste et est devenu un féroce critique de celui qu’il a servi.

Alvin Bragg, un noir démocrate, veut prouver que tout cet argent a été utilisé pour ne pas embarrasser le candidat républicain pendant sa campagne, ce qui viole la loi sur le financement électoral. De simple délit, le pot de vin devient un crime fédéral, passible de 4 ans de prison.

Mais de l’avis de nombre de juristes, le dossier de l’accusation a des faiblesses. D’une part Michael Cohen n’est pas un témoin très crédible. De l’autre, un autre cas semblable avait abouti à un acquittement. En 2004, le colistier de John Kerry, John Edwards, avait donné plus d’un million de dollars à une vidéographe qui couvrait sa campagne, et à qui il avait fait un enfant. L’argent provenait des fonds de sa campagne, et il avait dû se retirer de la course. Lors de son procès, ses avocats ont fait valoir que Edwards avait essayé de faire taire sa maîtresse, non par crainte pour sa carrière, mais par pure humanité, pour son épouse qui souffrait d’un cancer terminal. Le jury l’a acquitté. Pour Alvin Bragg, rien n’est donc encore gagné.

Que va-t-il maintenant se passer ? Au cours des deux prochains mois, l’office du procureur va fournir à la défense les preuves qui étayent l’accusation. Ces documents ne pourront jamais être rendus publics, et Trump devra les examiner uniquement dans le bureau de ses avocats. Ceux-ci auront alors jusqu’au 8 août pour soumettre leurs requêtes. Ils vont essayer d’obtenir que l’affaire soit classée pour manque de preuves sérieuses. Le juge, Juan Merchan, qui a reçu des menaces ainsi que sa famille, leur répondra au plus tard le 19 septembre. Il a fixé au 4 décembre la prochaine comparution de Donald Trump.

Si le juge refuse le non-lieu, le procès pourrait commencer en janvier 2024. Il souhaite qu’il soit rapide. Trump voudrait en repousser la date au printemps. On serait alors en plein dans les primaires, ce qui pourrait lui permettre de mobiliser encore un peu plus ses troupes, déjà très remontées depuis son inculpation.

Si ces deux événements sont quelque peu humiliants pour un ancien locataire de la Maison Blanche, ils sont lucratifs pour son trésor de guerre. Ses supporteurs ont déjà donné 7 millions de dollars.

Au Congrès, la majorité des républicains a resserré les rangs autour de son chef, qualifiant l’inculpation d’abus de pouvoir. Même les candidats annoncés ou potentiels à la présidence, tels que Mike Pence ou Ron DeSantis, se sont joints au chœur des protestataires.

Le président de la commission judiciaire de la Chambre, Jim Jordan, et ceux de deux autres commissions veulent forcer Alvin Bragg à venir déposer, ce qui serait une ingérence du législatif dans une affaire qui ne concerne que l’Etat de New York. Le seul qui a brillé par son silence est le chef de la minorité au sénat, Mitch McConnell. Il est en convalescence après une mauvaise chute. Ses relations avec Trump n’ont rien de chaleureuses.

McConnell souhaite reprendre la majorité l’an prochain, et il estime que l’ancien président ne fait rien pour aider son parti.

ALdar : LA MAP

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