Sous l’arbre Maroc, tous ses enfants ont leur place. Qu’importe leur croyance, leur religion, leur histoire. Ils contribuent tous -musulmans, chrétiens et juifs- à un héritage issu d’une histoire plurielle, qui a conjugué les cultures, les terroirs, les langues et les religions.
Au fil des siècles, le Maroc, un pays dont les racines ont été irriguées par les ruisseaux du multiculturalisme, a forgé son propre modèle où chacun s’y trouve. Une singularité inscrite dans la Loi fondamentale du Royaume et surtout intégrée dans la conscience collective de la société marocaine.
Rares sont les pays qui peuvent se targuer d’une identité nationale une et indivisible, une unité, forgée par la convergence de composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie et qui s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.
Tandis que sous d’autres cieux, la religion est instrumentalisée pour diviser et rejeter. Au Maroc, elle a toujours été un facteur de paix. Une approche qui plus est basée sur un socle solide. Celui de l’institution de la Commanderie des Croyants « Imarat Al-Mouminine »’, incarnée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
L’histoire rappelle aux plus jeunes que le judaïsme au Maroc est vieil de deux millénaires, que le Sultan Mohammed V a refusé de signer les décrets imposant le port de l’étoile juive lors du régime de Vichy (1940-44), que feu SM Hassan II a été un promoteur de première heure de la paix et du dialogue entre les religions monothéistes, reconnu et respecté par tous les croyants. Aujourd’hui, le prolongement de ces positions se vit tous les jours avec SM le Roi Mohammed VI, qui a consacré la composante hébraïque en tant que l’un des affluents constitutifs de l’identité marocaine et partie intégrante de la nation.
A voir, partout dans le monde, l’amour que vouent les Marocains de confession juive à leur pays d’origine, l’on constate, si besoin en était, que le judaïsme n’a jamais été étranger au Maroc.
Ce n’est que sur cette terre que la communauté juive du Maroc offre des perspectives originales d’interprétation de la vie juive en terre d’Islam, contrairement à d’autres pays aussi bien dans notre environnement immédiat que lointain.
Point de littérature. L’histoire, les traditions, le dialecte, la gastronomie, la musique, les rues et les murs à Fès, Meknès, Esaouira, Casablanca ou Tinghir témoignent d’une présence qui traverse le temps.
Du plus haut niveau de l’Etat, aux petites gens, en traversant les différentes strates de la société, la composante juive a toujours eu sa place dans la maison Maroc.
Aujourd’hui, les juifs marocains, dont une bonne partie réside à Casablanca, continuent de disposer en toute liberté et sécurité de tous les services nécessaires à la pratique de leur religion (tribunaux, code personnel, synagogues, abattoirs pour la viande kacher…). La transmission de leurs traditions et l’éducation religieuse sont préservées ainsi que le droit de rassemblement dans des centres culturels.
»Je suis particulièrement touché par cette visite à un pays qui a vu naître mon père et ses frères, ainsi que des milliers de juifs d’origine marocaine ». c’est en ces mots que s’est exprimé le Conseiller à la sécurité nationale de l’État d’Israël, M. Meir Ben-Shabbat, mardi, lors du point de presse tenu à l’issue de la signature, devant le Souverain, d’une Déclaration Conjointe entre le Royaume du Maroc, les Etats-Unis d’Amérique et l’État d’Israël. Dans un arabe dialectal à l’accent spécifique aux Marocains de confession juive, le responsable a assuré que les us et coutumes des juifs marocains « se perpétuent » en Israël à travers les générations actuelles.
Parmi les traditions qui distinguent les Juifs du Maroc sont la vénération des saints, le pèlerinage à leurs sanctuaires et le recours à leur protection. Plus de 650 saints avec leurs sanctuaires ont été identifiés partout dans le royaume, dont la majeure partie se concentre autour des montagnes de l’Atlas. Si chaque communauté juive a son propre saint patron, certaines tombes de saints attirent des adeptes de différents pays du monde comme celles de Rabbi David u-Moshe près de Agouim dans le Haut-Atlas occidental, de Rabbi Amram Ben Diwan près de Wazzan, de Moulai Irhi et de Rabbi Daniel Hashomer Ashkenazi et de Rabbi David Halevi Dra près de Demnat. Des fêtes marocaines illustrent l’osmose particulière de la culture marocaine juive dans l’histoire et l’identité du pays. Il s’agit notamment de la Mimouna, qui a été transposée dans tous les pays de la diaspora juive. De plus, des commémorations juives annuelles se déroulent à travers le pays et des pèlerins juifs visitent régulièrement des sites sacrés. Chaque année, ce sont entre 50.000 et 70.000 juifs d’origine marocaine établis en Israël qui se rendent au Maroc pour le tourisme, mais surtout pour le pèlerinage et les fêtes religieuses. A Essaouira, qui compte une importante communauté juive, se célèbre chaque année la Hiloula du Saint Rabbi Haïm Pinto, personnalité emblématique du judaïsme marocain ayant marqué l’histoire de la ville, qui rassemble chaque année entre 2.000 et 3.000 personnes. A Fès aussi, la communauté juive tient à chaque fête nationale à partager la joie de tous les Marocains. Le centre Maimonide – au nom du philosophe juif Ibn Maimoune qui a étudié et enseigné à l’université Al-Qaraouyine de Fès et publié un ouvrage en langue arabe intitulé « le guide des égarés », les célébrations n’ont jamais cessé.
Comme dans le Royaume, les Marocains de confession juive du monde restent attachés à leurs traditions et à la terre de leurs ancêtres. Preuve en est les manifestations de joie suite à l’annonce du rétablissement des relations entre Israël et le Maroc. Cet enthousiasme et cet attachement indéfectible de la communauté juive marocaine à son pays d’origine devra désormais participer à jeter des ponts, ressusciter un pan de l’identité nationale et œuvrer à la paix.