Par Salma EL BADAOUI.
Casablanca, 10/01/2023 (MAP) – Les Marocains du monde (MDM) sont dotés d’un fort potentiel leur permettant de contribuer au développement et au rayonnement du Royaume à l’échelle mondiale, mais qui reste entravé par plusieurs défis.
Si ces MDM, représentant environ 15% de la population marocaine, comptent de brillants succès aux compétences de rang mondial dans de nombreux secteurs et plusieurs pays, ils font cependant face à plusieurs enjeux liés notamment aux risques de durabilité de ce potentiel de croissance.
En effet, le poids structurel de la contribution de cette population marocaine émigrée aux besoins sociaux et à l’équilibre macroéconomique du pays est à la fois une opportunité et un défi.
C’est d’ailleurs dans cette optique que le Conseil économique social et environnemental (CESE) a plaidé, dans un récent avis, pour une mobilisation économique de ces MDM, notamment via des actions encourageant les acteurs du secteur financier marocains à développer des produits d’épargne et de retraite complémentaires dédiés aux MDM.
Dans cet avis, qui apporte un éclairage sur le lien intergénérationnel entre les MDM et les moyens à même de renforcer ces liens au service de la préservation et du renforcement de la réciprocité du lien entre le Royaume et ses ressortissants expatriés, le CESE préconise de développer une complémentarité multi-canal pour accueillir les transferts des MDM et accélérer la digitalisation bancaire en leur profit.
Il s’agit, en outre, de réduire les tarifs des transferts à l’émission et à la réception ainsi que d’ouvrir activement le Fonds Mohammed VI pour l’investissement aux apports des MDM et /ou mettre en place un fonds d’investissement dédié aux MDM dans le but de consacrer des ressources à des activités ayant un impact positif social environnemental, au « private equity », et à l’économie sociale et solidaire, selon le rapport du Conseil.
En matière de protection sociale, le CESE estime que la diversification des trajectoires migratoires est un facteur de fragilité de la couverture de ces MDM. Il recommande dans ce sens d’engager un dialogue avec les pays d’accueil pour mettre à jour ou élargir l’étendue des accords bilatéraux de sécurité sociale afin d’alléger les conditions qui entravent l’accès des MDM à leurs droits à la pension et aux soins, lors de leur retour ou de leur passage au Maroc.
Il s’agit, en outre, de développer des supports et des sessions de formation sur les droits à la sécurité sociale des migrants, au profit des MDM et des résidents étrangers au Maroc, ainsi que des agents consulaires et des acteurs associatifs, ainsi que de mettre en place, en s’associant à un réseau de banques et d’assurances, une offre d’assurance maladie pour les ascendants et une offre d’assurance retraite volontaire pour les MDM assortie de dispositions fiscales incitatives.
Dans ce rapport, le CESE pointe du doigt aussi sur la qualité des services dispensés par l’administration et les autres acteurs au profit des usagers MDM, suggérant dans ce sens de mettre en place une plateforme digitale unique qui assure l’interopérabilité entre tous les intervenants de l’écosystème destiné aux MDM.
Les MDM pourraient avoir accès, à travers cette plateforme, aux différents services, prestations et informations sur les procédures qui les concernent, notamment les documents consulaires, l’aide à l’investissement, ou même les informations culturelles, et les cours de langue.
Le but est aussi de renforcer les ressources humaines des consulats en termes d’effectifs, de compétences et de polyvalence et développer davantage les unités consulaires mobiles dans les pays peu ou insuffisamment digitalisés.
Représentant près de 15% de la population totale du Maroc et contribuant à plus de 7% au produit intérieur brut du pays, les MDM, leur sentiment d’appartenance et le poids structurel de leur contribution aux besoins sociaux et à l’équilibre macroéconomique du pays est à la fois une opportunité et un défi qu’il s’agit de relever selon une stratégie bien spécifique.