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Le régime militaire algérien dans la tourmente après l’élimination du général Ben Ammar Hassan

Le régime militaire algérien dans la tourmente après l’élimination du général Ben Ammar Hassan

 

Par Imane Alaoui

L’Algérie vit depuis plusieurs mois au rythme d’une tension croissante au sein de son appareil militaire, après la diffusion d’informations sur la « disparition suspecte » du général Ben Ammar Hassan, inspecteur des forces spéciales. Les circonstances de sa mort demeurent entourées de mystère et d’un silence officiel pesant. Si les autorités tentent de présenter l’affaire comme un décès naturel, plusieurs sources concordantes proches de l’armée affirment qu’il s’agit en réalité d’un assassinat interne, révélateur des luttes intestines qui minent le haut commandement militaire depuis des années.

Connu pour sa rigueur et son refus catégorique de s’impliquer dans les réseaux de corruption qui gangrènent l’armée, le général Ben Ammar faisait partie des officiers promus après la disparition d’Ahmed Gaïd Salah. Toutefois, son parcours a rapidement été marqué par des frictions violentes avec certains généraux influents proches de Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée, notamment autour de contrats militaires et de fonds suspects. Selon des sources bien informées, le général préparait un rapport détaillé sur de graves irrégularités financières et sécuritaires impliquant de hauts responsables militaires lorsqu’il a mystérieusement disparu.

Face à cela, les médias officiels algériens ont choisi le mutisme complet, tandis que des instructions officieuses auraient été données pour éviter tout débat public sur les causes de sa mort. Ce silence renforcé n’a fait qu’alimenter les soupçons quant à une élimination orchestrée de l’intérieur, visant à faire taire une voix dérangeante au sein du système. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’armée algérienne connaît de tels règlements de comptes : plusieurs hauts gradés ont été écartés ces dernières années, certains assignés à résidence ou poursuivis pour « corruption », un chef d’accusation souvent utilisé comme instrument politique pour neutraliser les rivaux.

Ce nouvel épisode illustre la fragilité structurelle du régime militaire algérien, fracturé entre le clan Chengriha, qui détient les leviers sécuritaires, et un autre courant cherchant à redistribuer les rapports de force à l’approche de l’après-Tebboune. L’institution militaire, censée être garante de la stabilité nationale, se transforme ainsi en champ de bataille pour ambitions personnelles et guerres d’influence, alors que le pays traverse une crise économique et sociale profonde.

Le maintien du silence autour de l’affaire Ben Ammar soulève une question cruciale : jusqu’où les services sécuritaires sont-ils prêts à aller pour préserver l’équilibre du pouvoir ? En s’attaquant à ses propres officiers, le régime démontre à quel point la logique de survie politique a pris le pas sur toute notion d’État de droit ou d’éthique institutionnelle.

Si l’hypothèse d’une liquidation interne venait à être confirmée, elle constituerait un signal d’avertissement adressé à tous ceux qui oseraient dénoncer la corruption ou défier les hiérarchies établies. Mais loin de renforcer le pouvoir, ce type de pratiques ne fait qu’exposer davantage le régime aux yeux de l’opinion publique algérienne : celui-ci apparaît non comme un État de institutions, mais comme une structure opaque, dominée par des clans militaires qui se disputent le contrôle du pays, dans une impunité totale.

Reste à savoir si les autorités auront le courage d’ouvrir une enquête indépendante et transparente sur cette mort troublante — ou si le nom du général Ben Ammar Hassan viendra simplement s’ajouter à la longue liste des affaires étouffées dans les méandres du pouvoir algérien.

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