
Par Meryem Hafiani/ ALDAR
Le ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, effectuera une visite officielle en Chine les 19 et 20 septembre, à l’invitation de son homologue Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte international marqué par de profondes recompositions géopolitiques, où le Maroc cherche à consolider et diversifier ses partenariats stratégiques avec des puissances mondiales telles que Pékin.
Les relations entre Rabat et Pékin se sont considérablement renforcées depuis la signature, en 2016, de l’accord de partenariat stratégique. Celui-ci a ouvert la voie à une coopération multiforme, notamment sur le plan économique et dans le domaine des investissements. Les discussions prévues à Pékin devraient donner un nouvel élan à cette dynamique, avec au programme un renforcement de la concertation politique et un échange sur des dossiers sensibles, dont la question du Sahara marocain, qui demeure une priorité majeure pour la diplomatie du Royaume.
L’enjeu économique reste toutefois au cœur de cette visite. La Chine est désormais considérée comme un acteur central dans l’ambition marocaine de se positionner comme hub industriel régional, particulièrement dans le secteur émergent de la mobilité électrique. En témoignent les projets récents liés aux batteries électriques, notamment l’accord conclu avec la société Gotion High-Tech pour l’implantation à Kénitra d’une usine géante de batteries pour véhicules électriques, avec un investissement de 1,3 milliard de dollars. D’autres groupes chinois tels que Hailiang, Shinzoom, BTR ou encore CNGR se sont engagés dans des projets complémentaires autour des composants de batteries. La première production est attendue dès 2026, avec la promesse de milliers d’emplois et la constitution d’une chaîne de valeur locale robuste.
Au-delà de l’industrie, la coopération sino-marocaine touche également le domaine des énergies renouvelables. Rabat s’est fixé pour objectif que 52 % de son mix énergétique provienne de sources propres d’ici 2030. L’expertise chinoise en matière de solaire et d’éolien pourrait s’avérer déterminante. Ces investissements ne se limiteront pas aux pôles traditionnels de Tanger ou Casablanca, mais s’étendront également au complexe industriel de Jorf Lasfar et aux provinces du Sud, garantissant une répartition plus équilibrée des retombées économiques.
Enfin, cette visite conforte l’ambition du Maroc de jouer un rôle de passerelle entre la Chine et l’Afrique. Fort de sa position géographique et de ses nombreux accords avec l’Europe, le continent africain et l’Amérique, le Royaume entend se poser en plateforme incontournable des échanges sino-africains.
Ainsi, la mission de Bourita à Pékin dépasse le cadre d’une simple séquence diplomatique : elle illustre une stratégie marocaine visant à bâtir des alliances équilibrées, à renforcer son rayonnement international et à soutenir une trajectoire de développement durable, fondée sur l’innovation et les technologies propres.