
ALDAR / Iman Alaoui
Les autorités algériennes ont pris une série de décisions controversées qui ont suscité la colère, en ordonnant la suspension de la diffusion de trois chaînes locales, parmi lesquelles Echourouk, El Hayat et El Bilad, sous prétexte d’« infractions professionnelles » et de contenus jugés « portant atteinte à l’image de l’État ». Cette décision est intervenue à un moment sensible, marqué par la tragédie de l’accident d’un autocar qui a provoqué un choc dans la rue algérienne. Les chaînes sanctionnées avaient rapidement couvert les détails de l’accident, ce que les instances officielles ont considéré comme un franchissement des « lignes rouges ».
Les autorités ont justifié leur décision en affirmant que ces couvertures médiatiques contenaient de la « désinformation » et des « informations erronées », annonçant des mesures allant de la suspension à la menace de lourdes amendes, voire de la fermeture partielle ou totale de leurs programmes. Mais pour de nombreux observateurs, cette démarche s’inscrit dans une politique systématique visant à contrôler le récit médiatique et à réduire au silence les voix critiques, particulièrement dans un climat social et politique tendu qui pousse le pouvoir à étouffer toute parole susceptible de mettre en lumière ses échecs.
Le problème plus profond réside dans la réalité même des médias en Algérie, où les journalistes se heurtent à de sévères restrictions et à des lois contraignantes, transformant la quête de vérité en un véritable parcours à haut risque. Plutôt que de mettre en cause les responsables des drames récurrents qui frappent les citoyens, le régime choisit de sanctionner les organes de presse qui osent lever le voile sur ces dysfonctionnements.
Cette évolution remet une fois de plus en lumière la crise de la liberté d’expression en Algérie. Il apparaît clairement que le pouvoir redoute davantage les conséquences d’un paysage médiatique libre et incontrôlé que celles des crises sociales elles-mêmes. Et tandis que les chaînes indépendantes tentent de tracer leur chemin au milieu d’un réseau dense de censures et de restrictions, le fossé se creuse toujours plus entre la réalité vécue par la population et les récits que le régime autorise à diffuser — un contraste qui confirme que la bataille de la vérité en Algérie est encore loin d’être tranchée.