ALDAR/
Lors d’un moment émouvant au Salon international du livre de Prague, Nawal et Sabiha, les filles de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, ont lancé un cri de douleur et de détresse, six mois après l’arrestation de leur père, dont on ignore désormais tout alors qu’il est détenu en prison.
Boualem Sansal, âgé de 80 ans, a été arrêté à l’aéroport d’Alger à la mi-novembre dernier, dès son retour dans le pays. Il a ensuite été condamné à cinq ans de prison en mars, accusé d’“atteinte à l’unité du territoire national”, après avoir soutenu une thèse selon laquelle la colonisation française aurait amputé des parties du territoire marocain au profit de l’Algérie entre 1881 et 1912.
Lors de la réception d’un prix international attribué à leur père en défense de la liberté d’expression, Nawal, l’aînée des deux sœurs, a exprimé son inquiétude profonde quant à l’état physique et psychologique de leur père, déclarant : « Dieu seul sait dans quel état psychologique il se trouve. Nous n’avons aucun moyen de communication avec lui, et nous ne recevons aucune information sur ses conditions de détention. »
Nawal, âgée de 53 ans, a précisé que leur mère serait probablement la seule autorisée à lui rendre visite, mais qu’elle est soumise à une surveillance étroite. Elle a ajouté : « Nous sommes totalement impuissantes, nous avons l’impression de faire face à un mur de silence et de restrictions. »
Nawal a indiqué qu’elle envisage de faire appel à des organisations internationales de défense des droits humains, comme Amnesty International, dans l’espoir qu’elles puissent exercer une pression sur les autorités algériennes pour obtenir la libération de leur père, qui n’a fait qu’exprimer une opinion historique à travers ses écrits.
Les deux sœurs ont conclu leur intervention par un appel à la conscience mondiale pour sauver un écrivain qui paie un lourd tribut pour avoir défendu le droit à la parole, affirmant que son affaire dépasse les frontières de la politique pour devenir une cause humaine touchant au droit à la liberté et à la dignité.
