
ALDAR/ Iman El Aloui
La Cour d’appel a condamné l’écrivain et penseur algérien Boualem Sansal à cinq années de prison, une figure intellectuelle majeure qui n’a jamais hésité à dénoncer les dérives autoritaires du pouvoir en place.
Bien que des rumeurs évoquent la possibilité d’une grâce présidentielle le 5 juillet, à l’occasion de la fête de l’indépendance, le scepticisme domine parmi les cercles culturels et les défenseurs des droits humains. Ce ne serait pas la première fois que de telles hypothèses de « détente » sont avancées : une libération de Sansal avait déjà été évoquée pour la fin de l’année dernière… sans qu’aucune promesse ne soit tenue, face à l’entêtement du régime.
Les autorités algériennes semblent désormais traiter les intellectuels, écrivains et journalistes comme des otages politiques, dans un climat qui révèle l’impasse démocratique et la domination d’un appareil sécuritaire réfractaire à toute forme de dissidence. Cette politique répressive ne vise pas seulement les individus, elle s’étend aussi à toute une région : la Kabylie, traitée comme une entité hostile à encercler politiquement et culturellement.
Comparer ce régime à des organisations extrémistes telles que Daech n’est plus une simple réaction émotive : c’est le reflet d’une réalité amère où la relation entre l’État et ses citoyens repose sur la peur, la force et l’intimidation. Comment peut-on emprisonner un intellectuel comme Sansal, dont toute la vie fut consacrée à l’écriture et à la pensée critique, simplement parce qu’il a refusé de se taire ?
L’équation est désormais claire : il n’y a pas de place pour la négociation avec un pouvoir qui criminalise la liberté d’expression et vide le concept de grâce présidentielle de sa substance, en en faisant un outil arbitraire au service d’intérêts politiques internes ou diplomatiques. La grâce, en démocratie, ne doit pas être un privilège accordé par condescendance, mais un droit garanti par la Constitution et les engagements internationaux — des textes que l’Algérie a ratifiés mais qu’elle foule aux pieds dans la pratique.
Dans ces conditions, il est illusoire de miser sur des compromis avec un régime qui gouverne par le feu et le fer. La véritable lutte reste celle de la conscience et de la résilience. Elle exige des intellectuels, des organisations de la société civile et de tous les libres penseurs, en Algérie comme dans la diaspora, qu’ils refusent toute normalisation avec l’injustice et qu’ils ne se laissent pas berner par des promesses creuses.
Boualem Sansal n’est pas seulement un écrivain emprisonné. Il est devenu le symbole vivant d’un combat plus vaste qui agite les profondeurs de la société algérienne — un combat entre les forces de l’ombre et celles de la lumière, entre la tyrannie et l’éveil des consciences. Chaque jour passé derrière les barreaux n’est qu’un jour de plus dans la survie d’un régime qui ne fait plus peur qu’à lui-même.