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Entre caserne ottomane et colonie de peuplement… De quel “héritage historique” parle l’Algérie ?Entre caserne ottomane et colonie de peuplement… De quel “héritage historique” parle l’Algérie ?

Entre caserne ottomane et colonie de peuplement… De quel “héritage historique” parle l’Algérie ?

 

 

ALDAR / Analyse

Alors que l’Algérie brandit fièrement ce qu’elle appelle son « riche passé historique », l’observateur objectif ne peut que relever une contradiction frappante : ce qui est présenté comme un héritage civilisationnel n’est, en réalité, qu’une succession de phases de domination étrangère, depuis la période ottomane jusqu’à l’occupation française qui a marqué le pays pendant plus d’un siècle.

Au début du XVIe siècle, l’Algérie n’était pas un État doté d’un cadre politique unifié. Elle fut intégrée à l’Empire ottoman, détachée de l’Empire marocain, et transformée en une caserne militaire pour les janissaires, venus des différentes régions d’Anatolie et des Balkans. Cette époque n’a pas été celle de la fondation d’un État au sens institutionnel, mais plutôt une phase de militarisation et de domination, imposant une nouvelle réalité à la région et à ses habitants. Le pouvoir réel était concentré entre les mains des officiers ottomans, tandis que les composantes locales étaient largement exclues.

Dans ce contexte, le terme turc « Kuloğlu », désignant les fils d’officiers ottomans et de mères algériennes, illustre bien ce mélange démographique imposé, fruit d’un système d’assimilation forcée et non d’une cohabitation naturelle. Il témoigne du caractère exogène de la formation sociale de cette époque.

Puis vint l’invasion française en 1830, plongeant l’Algérie dans une période encore plus dure. Il ne s’agissait pas simplement d’une occupation militaire, mais d’un projet colonial à part entière, visant à déraciner l’identité culturelle, religieuse et linguistique du pays. Pendant 132 ans, la France a mis en œuvre une politique d’effacement et de dépossession, laissant derrière elle, à son départ, un pays brisé, miné par des fractures ethniques, politiques et historiques.

Et pourtant, certains discours officiels en Algérie persistent à présenter ces périodes comme des « pages glorieuses » de l’histoire du pays, occultant le fait que l’entité étatique algérienne moderne ne s’est pas construite par une volonté nationale propre, mais est née des séquelles des puissances étrangères successives.

Parler d’histoire requiert du courage face à soi-même, et de l’honnêteté dans l’analyse des moments clés. Il ne s’agit ni de nier les contextes, ni de travestir les faits. L’histoire authentique s’écrit avec du sang et des sacrifices, non avec des slogans ou des postures creuses.

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