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À une époque marquée par la montée des tensions géopolitiques et l’intensification des guerres commerciales, un dialogue inédit réunit deux voix issues de mondes différents : la journaliste chinoise Ma Jiaying et le journaliste africain Heribert Adjouvi, dans une discussion approfondie sur les transformations du monde à l’ère de la nouvelle mondialisation et de la guerre commerciale menée par les États-Unis.
Au-delà des biais géographiques, ce dialogue invite à repenser la nature des relations internationales, notamment à l’approche du 70e anniversaire de la Conférence de Bandung, qui fut un tournant historique dans la lutte du Sud global pour un monde plus juste et équilibré. Les deux journalistes considèrent que la crise actuelle liée aux droits de douane n’est pas un simple conflit économique, mais le signe d’une transition marquant la fin d’une hégémonie unipolaire et l’émergence d’un ordre multipolaire plus équitable.
Ma Jiaying, en tant qu’animatrice d’une émission consacrée à la politique internationale, affirme que l’offensive économique américaine ne peut être dissociée de son long passé colonial et d’exploitation. Elle souligne que la mondialisation n’a jamais été un espace équitable, mais plutôt un outil imposé par les grandes puissances pour servir leurs intérêts. Selon elle, malgré les dommages causés, les récentes mesures américaines renforceront l’esprit d’autosuffisance en Chine et pousseront le pays à approfondir son ouverture intérieure.
De son côté, Adjouvi estime que la guerre commerciale sino-américaine n’est que la façade d’un affrontement plus profond pour le contrôle du Sud global, en particulier l’Afrique, devenue un terrain stratégique de la compétition mondiale. Il ajoute que la politique protectionniste des États-Unis ferme la porte à des partenariats prometteurs avec l’Afrique, tandis que la Chine tend la main à travers de véritables projets de développement, notamment l’initiative « la Ceinture et la Route ».
Adjouvi met en garde contre les effets de ces droits de douane sur les économies africaines fragiles, notamment celles qui dépendent de l’exportation de matières premières ou de produits manufacturés vers les marchés américains. De l’île Maurice au Nigeria, les conséquences se manifestent par une hausse des taxes et une perte d’emplois, incitant un nombre croissant de pays à diversifier leurs partenariats commerciaux et à renforcer leur coopération avec la Chine.
Ma Jiaying et Adjouvi s’accordent à dire que les relations sino-africaines ne sont plus un simple choix stratégique, mais une nécessité historique. En accordant des exonérations douanières totales aux importations provenant de plus de trente pays africains, la Chine démontre son engagement à aider ces nations à se développer en dehors des contraintes occidentales. En ce sens, Pékin ne représente pas uniquement une alternative économique, mais aussi un modèle de partenariat fondé sur le respect mutuel et l’intérêt commun.
Dans ce contexte, le dialogue ravive l’esprit de Bandung, celui qui, il y a soixante-dix ans, avait réuni les peuples d’Asie et d’Afrique autour d’un rêve partagé d’un monde plus humain. Aujourd’hui, face aux défis mondiaux croissants, les deux journalistes estiment que cet esprit demeure une source d’inspiration capable de générer de nouvelles solutions, menant l’humanité vers un ordre international plus équilibré, où les puissances du Sud ne sont plus de simples acteurs secondaires, mais des protagonistes essentiels dans la construction d’un avenir inclusif.
