
ALDAR/
Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire kabyle en exil et fondateur du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), a accordé un long entretien au journal Times of Israel, dans lequel il a exposé la vision du mouvement, la lutte du peuple kabyle pour son indépendance vis-à-vis de l’État algérien, et sa position constante en soutien à Israël, notamment après les événements du 7 octobre 2023.
Mehenni a affirmé que l’identité amazighe constitue les racines historiques des peuples d’Afrique du Nord, soulignant que la région de la Kabylie conserve ses spécificités culturelles, sociales et politiques, formant ainsi une “nation” à part entière. Il a ajouté que les Kabyles, estimés à environ 12 millions de personnes réparties entre l’Algérie et la France, demeurent attachés à leur identité malgré les tentatives d’effacement et de marginalisation par le régime algérien.
En retraçant l’histoire de la région, il a indiqué que la Kabylie a résisté autrefois aux Romains, aux Fatimides, aux Turcs et aux Français, et qu’elle a joué un rôle central dans la révolution algérienne. Toutefois, après l’indépendance, elle s’est retrouvée – selon ses propos – confrontée à une “colonisation intérieure” exercée par le régime algérien, ce qui a entraîné des soulèvements périodiques, dont les plus marquants furent le “Printemps berbère” et le “Printemps noir”.
Concernant la nature du régime algérien, Mehenni l’a qualifié de “dictature militaire” qui n’accorde ni liberté d’expression, ni pluralisme politique, et qui nie les droits des minorités. Il a précisé que le pouvoir algérien brandit le slogan de “l’autodétermination” uniquement lorsqu’il s’agit du Sahara marocain ou de la cause palestinienne, tout en criminalisant les mêmes revendications lorsqu’elles émanent du peuple kabyle.
Il a également évoqué sa visite en Israël en 2012, la qualifiant de fructueuse, car elle lui a permis de présenter la cause kabyle à la société civile et politique israélienne. Il a affirmé qu’Israël est un État fort qui a su se construire malgré les défis, et que la Kabylie pourrait s’inspirer de cette expérience.
Dans le contexte actuel, Mehenni a réitéré sa condamnation de toutes les formes de violence contre les civils, qu’elles soient perpétrées par le Hamas ou par d’autres entités. Il a insisté sur le fait que le soutien à Israël n’est pas seulement un choix politique, mais une “position morale” découlant du rejet du terrorisme et de la discrimination. Il a par ailleurs souligné que le discours antisémite en Algérie trouve son pendant dans ce qu’il appelle “la haine des Kabyles”.
En ce qui concerne la coopération entre l’Algérie et l’Iran, Mehenni a mis en garde contre la dangerosité de ce rapprochement, estimant que Téhéran cherche à utiliser l’Algérie comme base d’influence en Afrique et dans la région du Sahel. Il a jugé que cette alliance menace la stabilité régionale et a accusé l’Iran et l’Algérie de poursuivre des projets nucléaires suspects, soulignant les risques liés à l’utilisation du “Polisario” comme agent d’exécution de ce plan.
Ferhat Mehenni a conclu son entretien en renouvelant son appel à la communauté internationale, notamment à Israël, aux États-Unis, à l’Union européenne et au Maroc, pour qu’ils reconnaissent le gouvernement kabyle en exil et soutiennent le droit du peuple kabyle à l’autodétermination, en tant qu’étape vers la stabilité et la paix en Afrique du Nord.