Le sélectionneur comorien de la Mauritanie, Amir Abdou, a de nouveau créé l’exploit en qualifiant les Mourabitounes pour la première fois en huitièmes de finale d’une Coupe d’Afrique des nations (CAN), après avoir fait de même avec les Comores à la CAN 2021 au Cameroun, se taillant petit à petit une réputation de faiseur de miracles.
La belle aventure se poursuit pour Amir Abdou, 51 ans. Il avait déjà qualifié les Comores pour leur premier huitième de finale de CAN en 2021, avant de rééditer le même exploit avec la Mauritanie, mardi, à l’issue des phases de poules de la 34e CAN qui se poursuit en Côte d’Ivoire.
Comme dans le cas des Comores lors de la CAN 2021, c’est au bout du troisième match qu’il a réussi à qualifier l’équipe mauritanienne pour les huitièmes de finale, après sa victoire sur l’Algérie, 1-0. Une première majeure pour une équipe qui n’avait jusque-là jamais remporté le moindre match dans cette compétition.
Amir Abdou, natif de Marseille (France), a été contraint d’arrêter sa carrière de footballeur professionnel à 22 ans, suite à un arrachement des ligaments, se contentant de jouer en division d’honneur, avant de se reconvertir en entraîneur.
Il est vu comme un faiseur de miracles dès ses débuts en 2010 avec la réserve du Sporting Union agenais, club basé à Agen dans le département de Lot-et-Garonne (France), qu’il fera monter de Régional 3 en Ligue régionale.
Le technicien prend ensuite les rênes de l’Entente Golfech-Saint-Paul-d’Espis, qui sous ses ordres passe de la division d’honneur régionale à la division d’honneur entre 2012 et 2014.
De pigiste à salarié Ces différents coups d’éclat vont donner un élan nouveau à sa carrière d’entraîneur. Le 11 janvier 2014, il est nommé à la tête de la sélection de son pays d’origine pour un contrat de trois ans. Le « bâtisseur », ainsi surnommé, participe aux éliminatoires de la CAN 2015, mais la sélection comorienne est éliminée dès le deuxième tour par le Kenya (2-1).
»Je n’avais pas de moyens, rien du tout. Je travaillais à la pige, et c’est au bout de la deuxième ou troisième année seulement qu’ils m’ont salarié. Donc ça part un peu de là, je devais me débrouiller tout seul », a-t-il dit dans un entretien accordé au site algérien spécialisé en football, DZFoot.
Malgré cet échec, il est reconduit à son poste. Il va se retrouver éliminé de la course à la CAN 2019 avec les Comores, derniers dans un groupe composé du Cameroun, du Maroc et du Malawi. « Nous ne sommes pas passés loin », souligne Amir Abdou.
En 2020, il s’engage avec le club mauritanien du FC Nouadhibou, poste qu’il cumule avec celui de sélectionneur des Comores, qu’il réussit finalement à qualifier pour la première fois à une phase finale de CAN, le 25 mars 2021. Un coup d’essai qui va se transformer en réussite puisque le technicien va hisser son pays en huitièmes de finale, en 2022.
Une décoration comme reconnaissance de la patrie « La qualification pour la CAN. Un truc de fou. Vivre une CAN avec une petite fédération, un petit pays… C’est incroyable. Se retrouver là après les choses extraordinaires que j’ai vécues, c’était l’apothéose pour moi. Le peuple, les gens dans la rue, de l’enfant jusqu’au troisième âge avec le maillot vert… Ça a créé un engouement fantastique », se souvient-il.
Deux mois plus tard, le quart de finaliste du Championnat d’Afrique des nations 2022 en Algérie est sacré champion de Mauritanie avec son club, cette saison-là et pour les deux autres suivantes.
Ses performances sont récompensées par les autorités comoriennes qui l’élèvent, en juillet 2021 à l’ordre du Croissant vert, l’une des plus hautes distinctions honorifiques du pays.
Mission accomplie pour Amir Abdou, qui démissionne de son poste à la tête de la sélection comorienne et du FC Nouadhibou, quelques semaines après son parcours historique à la CAN au Cameroun.
Il n’était plus question à ses yeux de se contenter d’assurer la continuité, mais plutôt de chercher de nouveaux challenges devant lui permettre d’ajouter de nouveaux chapitres à sa vie d’entraîneur, loin du cocon national.
Il dépose finalement ses baluchons dans un pays qu’il connait bien, la Mauritanie, dont il dirige l’équipe nationale, les Mourabitounes, depuis mars 2022, il préside aux destinées de la sélection nationale.
Après une troisième participation consécutive à la CAN (2019-2021), Amir Abdou réédite l’exploit de qualifier la sélection mauritanienne pour les huitièmes de finale de la CAN 2023 qui se tient actuellement en Côte d’Ivoire (13 janvier-11 février), malgré deux défaites dans le groupe D contre le Burkina Faso (0-1) et l’Angola (2-3).
Il a créé avec les Mourabitounes l’exploit d’écarter les Fennecs d’Algérie (1-0), champions d’Afrique en 2019. Une victoire aux échos retentissants, si l’on sait que de mars 2022 à janvier 2023, la Mauritanie était sur une série de 15 matchs d’invincibilité.
Source: Map