Il est crucial aujourd’hui d’accélérer la transition énergétique dans le pays et d’aplanir toutes les difficultés barrant le chemin de la réalisation de ce projet, ont estimé les intervenants réunis à l’occasion d’une journée d’étude à la Chambre des représentants sur le thème »La matérialisation du programme national des énergies renouvelables sur les registres de l’investissement et de la législation ».
Lors de ce débat organisé par la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement sur une proposition du groupe socialiste, les intervenants ont souligné l’importance de l’amélioration soutenue du cadre législatif en vue de renforcer la transparence dans le domaine, booster les investissements et tirer vers le haut la flexibilité du système électrique national.
C’est d’ailleurs l’avis de la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali qui a d’emblée mis l’accent sur la nécessité d’une amélioration soutenue du cadre législatif et réglementaire et la bonne gouvernance en matière de transition énergétique, exposant les mesures prises dans ce sens, principalement les projets de loi N°40-19 et 82-21 régissant respectivement les énergies renouvelables et l’autoproduction d’électricité.
Des projets de loi qui permettront de renforcer la transparence, d’accéder aux informations sur les opportunités d’investissements, de simplifier les démarches d’autorisations et d’aplanir les difficultés qui freinent l’essor du secteur, outre la promotion des exportations énergétiques ainsi que la mise en place d’une vision harmonieuse concernant les capacités du réseau électrique, a-t-elle noté, avant d’ajouter que son département a entamé fin 2022 le chantier d’actualisation de la stratégie énergétique nationale en prenant en considération les nouvelles orientations ainsi que l’évolution du secteur sur les plans national et international, porteuse de nouveaux défis et de nouvelles opportunités.
Tout en plaidant pour la mutualisation des efforts de l’ensemble des intervenants publics et privés, surtout dans les régions à fort potentiel en matière d’investissements, Mme Benali a, toutefois, évoqué les contraintes et les défis posés dans le secteur énergétique, principalement les fluctuations structurelles des marchés internationaux.
Il n’en reste pas moins qu’il est nécessaire de réaliser l’objectif de l’efficience de l’investissement dans le domaine des énergies renouvelables, a-t-elle affirmé, incitant aussi à la réduction du coût des investissements programmés à l’avenir dans le secteur et à valoriser la part des opérateurs privés dans ce domaine.
Pour sa part, le directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), Abderrahim El Hafidi a relevé que l’intégration des énergies renouvelables dans le système électrique bute contre des défis concernant la nature fluctuante et en dents de scie de ce type d’énergie ainsi que les contraintes techniques, indiquant que le stockage de cette énergie est l’une des solutions pour pallier aux interruptions dans le processus de production de l’électricité à partir de ressources renouvelables, outre la nécessité de moderniser les infrastructures dédiées à l’acheminement de cette énergie.
Il a assuré, à ce propos, que son office planche sur le renforcement de la puissance du réseau énergétique national et son fonctionnement sans couacs à travers une flexibilité électrique efficiente et le renforcement du réseau d’acheminement de l’énergie et ce, conformément aux objectifs fixés sur le plan de l’intégration optimisée des énergies renouvelables dans le réseau électrique.
Chiffres à l’appui, le patron de l’ONEE a indiqué que la production des stations électriques d’énergies renouvelables a doublé durant la période 2012-2022, passant de 2.082 à 4.154 mégawatts, révélant l’existence d’un ambitieux programme visant à booster la production électrique issue de sources renouvelables durant la période 2023-2035 avec le challenge d’atteindre un volume de 14.000 mégawatts pour un investissement de 144 milliards de dirhams.
De son côté, la directrice générale déléguée de l’Agence marocaine de l’énergie durable (MASEN), Fatima Hamdouch a fait savoir que la capacité de production des projets portés par l’Agence se chiffre actuellement à 4.000 mégawatts dont 2.200 concernant le parc solaire »Noor » et 953 mégawatts dans le cadre du parc éolien Nassim.
Et d’ajouter que le MASEN joue un rôle très important dans le perfectionnement d’un système intégré d’énergies renouvelables à travers le lancement de nombreuses initiatives visant à promouvoir le développement durable dans les régions du Royaume, les recherches pratiques et les innovations technologiques, outre l’amélioration des compétences nationales et des pratiques dans le domaine des énergies renouvelables ainsi que la mise en place de partenariats avec des entreprises et des établissements de recherche scientifiques de renommée internationale.
Autre intervenant, le directeur des énergies renouvelables et de l’efficience énergétique au ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, Mohamed Bouhmid, qui a indiqué que ce département dispose d’une vision stratégique qui cible quatre objectifs majeurs, à savoir la généralisation de l’accès à l’énergie à des tarifs concurrentiels, la sécurisation de l’acheminement de l’énergie, la préservation de l’environnement et enfin ma maîtrise de l’énergie, et ce, dans la perspective de porter la part des énergies renouvelables à au moins 52 % du mix énergétique d’ici à 2030.
Tout en assurant que la dépendance énergétique qui amorce une pente descendante, passant de 97,50 % en 2009 à 90,36 % en 2022, il a fait savoir que la part des énergies renouvelables est aujourd’hui d’environ 20 % sur le plan de la satisfaction de la demande en électricité.
Et de se féliciter des perspectives prometteuses des énergies renouvelables dans le Royaume, notamment dans les domaines du dessalement de l’eau de mer et l’hydrogène vert, plaidant pour un cadre législatif et institutionnel incitatif et une mise à niveau des infrastructures.
Pour sa part, Mohamed Mahroug, conseiller à l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE), a affirmé que toutes les composantes de cet organisme sont bien déterminées à apporter leur contribution à la réalisation de ce vaste chantier royal concernant les énergies renouvelables, soulignant l’importance de l’adoption du code du réseau électrique national de transport, entré en vigueur en janvier 2022, lequel fixe de manière non-discriminatoire les prescriptions techniques concernant le raccordement et l’accès au réseau électrique national de transport, y compris les interconnexions.
Ce qui offre une visibilité pour les investisseurs, a-t-il noté, avant d’annoncer que l’ANRE a lancé de nouveaux chantiers visant à gagner du temps et à impulser une nouvelle dynamique sur le plan de l’action commune associant l’ensemble des opérateurs et intervenants.
De leur côté, les membres de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement ont salué la stratégie du Royaume de faveur de la transition énergétique, plaidant, toutefois, pour l’accélération de la cadence de mise en œuvre des mesures et autres initiatives visant à permettre au pays de maîtriser les sources d’énergie et de conforter sa souveraineté énergétique.
Ils ont aussi mis en avant l’importance des acquis sur le plan législatif dans le domaine des énergies renouvelables et de la régulation du secteur de l’électricité, insistant, tour à tour, sur la nécessité de faciliter aux consommateurs l’accès au réseau électrique, notamment les industriels, de réduire le coût de production de l’énergie en vue de promouvoir la compétitivité des produits de l’industrie nationale et aussi les investissements privés pour leur contribution à étoffer l’offre, à réduire les coûts et à renforcer la compétitivité.
Aldar : LA MAP