Une vague d’incertitude prolongée s’est emparée de la première puissance économique mondiale en 2022, une année qui s’est avérée pénible aussi bien pour les familles que pour les entreprises américaines, à cause de l’ennemi numéro 1 de toute économie: l’inflation.
Cette poussée inflationniste galopante, exacerbée notamment par le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les répercussions persistantes de la crise sanitaire née de la pandémie de Covid-19, est à l’origine d’une hausse substantielle des prix des produits énergétiques et alimentaire qui a pesé lourdement sur la conjoncture économique.
Certes la vague d’inflation, qui a atteint son niveau le plus élevé depuis quatre décennies, a commencé à ralentir en s’établissant à 7,7% en octobre dernier contre 8,2 % en septembre, mais ses séquelles persistent, brouillant davantage les perspectives d’une prochaine reprise en bonne et due forme de l’économie américaine.
Cette incertitude a été clairement reflétée dans un récent sondage réalisé par par Harris Poll pour le compte de l’American Psychological Association (APA). Selon cette étude, l’incertitude économique est l’un des premiers facteurs de stress pour une majorité d’Américains en 2022.
Les auteurs de cette analyse révèlent que durant cette année, une majorité d’Américains, « intimidés » par des niveaux historiques de l’inflation et des perspectives brouillées, sont aux prises avec une multitude de facteurs de stress nés principalement de la situation économique actuelle et de la polarisation accrue qui caractérise la scène politique dans le pays.
D’après cette étude, 70% des personnes interviewées estiment que le gouvernement ne leur procure pas la protection requise alors que près de deux adultes sur cinq pensent à déménager vers un autre pays à cause de la situation actuelle.
Cette incertitude économique qui renseigne, selon le Harvard Business Review, sur un « nouveau normal » d’une plus grande turbulence à l’échelle mondiale, notamment parmi les pays du G7, n’épargne pas les entreprises, même les plus solides.
Touchée de plein fouet par l’inflation record, la hausse des prix de l’énergie et le ralentissement du marché de la publicité numérique, Meta, la société mère de Facebook, a été contrainte de réduire les coûts en procédant au licenciement de milliers de ses employés de par le monde.
Lors de la publication des derniers résultats trimestriels décevants, le patron de la multinationale, Mark Zuckerberg a indiqué que le personnel du groupe ne devrait pas augmenter d’ici la fin 2023, voire diminuer légèrement. Meta a vu son bénéfice net fondre à 4,4 milliards de dollars au troisième trimestre (-52% sur un an).
Deux autres sociétés de la Silicon Valley, Stripe et Lyft, ont également procédé à des licenciements de grande ampleur tandis qu’Amazon a gelé les embauches. Twitter, fraîchement racheté par Elon Musk, vient, lui aussi, de congédier environ la moitié de ses 7.500 salariés.
Les plateformes dont le modèle économique est fondé sur la publicité pâtissent notamment des coupes budgétaires des annonceurs aux prises avec l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.
Pour plusieurs observateurs et experts, malgré les “dommages collatéraux” de la poussée inflationniste et la pression qu’elle exerce sur plusieurs pays notamment du G7, l’économie américaine négocie sa trajectoire avec résilience.
“L’économie des Etats Unis demeure plus solide que ses homologues d’autres pays du monde nonobstant les pressions économiques mondiales”, estime l’organisation US “American Progress”, relevant qu’en dépit des défis internationaux liés notamment à la guerre en Ukraine, les répercussions de la pandémie de Covid-19, la hausse des taux d’intérêt décidés dans la douleurs par la Réserve fédérale, et les perturbations relatives au changement climatique, l’économie américaine garde sa résilience, grâce à une croissance continue, un marché d’emploi robuste et un taux de chômage historiquement bas.
L’Organisation fait, en outre, observer que pendant et après la récession causée par la pandémie de Covid-19, des soutiens fiscaux tels que le plan massif de relance économique de 2021 et le programme fédéral de vaccination historique ont aidé à orienter l’économie américaine vers une reprise sans précédent, évitant une récession à deux chiffres, des taux de pauvreté plus élevés et les effets profonds de périodes plus longues de chômage.
Cette dynamique a été renforcée suite à l’adoption par le Congrès américain, à la demande de l’administration Biden, de la loi sur les investissements dans les infrastructures et l’emploi et de la loi sur la réduction de l’inflation.
“Ces deux législations sont en passe de placer l’économie américaine sur la voie de la résilience et de l’indépendance”, souligne l’American Progress dans son analyse, notant que les perspectives économiques aux Etats-Unis sont meilleures par rapport aux autres pays les plus industrialisés.
Aldar ; LA MAP