La ville de Safi recèle de nombreux monuments historiques témoignant de la profondeur historique et culturelle de la cité de l’Océan, mais qui sont actuellement menacés de disparition en raison de plusieurs facteurs naturels et humains.
Ces monuments sont dans un état préoccupant à cause des effondrements récurrents et des différents facteurs qui menacent leur existence physique, historique et culturelle, comme c’est le cas pour l’Eglise espagnole, dont une partie s’est effondrée, mardi dernier.
Dans un appel lancé, dans ce sens, l’Association « Mémoire de Safi », partenaire essentiel dans la protection des monuments de la cité et la promotion de son statut culturel et historique, souligne que l’état de ladite Eglise est similaire à celui du monument portugais « Ksar El Bhar » et d’autres sites qui sont dans un état déplorable à cause de la négligence et du manque d’entretien ou de restauration.
L’association a, ainsi, attiré l’attention quant à la situation très inquiétante de ces monuments qui, au fil des années, ont enregistré des effondrements successifs, ce qui constitue une véritable menace évidente à leur existence et une perte inestimable pour la mémoire de la ville et le patrimoine culturel du Royaume.
A cette occasion, le président de l’association, Mohamed Mounis, a souligné que la préservation des monuments culturels à Safi, qui sont d’une grande portée historique, spirituelle et civilisationnelle, constitue une source de richesse pour la mémoire locale et nationale, et un apport fondamental, en cas de leur restauration et exploitation optimale, à l’amélioration de l’attractivité de la Cité de l’Océan, outre la contribution au développement économique, social et culturel de la ville.
Dans une déclaration à la MAP, il a indiqué que l’association a veillé, depuis sa création, à la valorisation des monuments historiques à Safi, relevant qu’elle a également mis en place une exposition itinérante, en arabe et en français, pour faire la lumière sur les périodes historiques de la ville, allant du XIè siècle (ère des Almoravides) à l’actuelle glorieuse époque de la dynastie Alaouite.
Cette exposition présente des données historiques, des cartes, des documents rares, des photos et des anciennes pièces de monnaie, a-t-il dit.
Compte tenu des graves répercussions de l’érosion maritime devenue une réelle menace pour « Ksar El Bhar », l’association a, en outre, organisé, en février 2018, en collaboration avec le Conseil de la région Marrakech-Safi, le conseil communal et des experts de l’Université portugaise d’Evora, des rencontres consacrées à l’examen des possibles scénarii pour la préservation de ce monument, qui fait partie du patrimoine national.
Dans ce sillage, la Direction provinciale de la Culture œuvre sans relâche en vue de préserver les monuments historiques classés selon les moyens disponibles et les attributions qui lui sont dévolues, à travers une série d’interventions pour la sauvegarde et la valorisation des sites historiques de la ville.
La Direction veille aussi à inscrire les bâtiments en dégradation, qui sont supervisés par le département de la Culture, au programme national annuel de restauration, élaboré par la Direction du Patrimoine Culturel, et au programme d’action de la Direction Régionale de la Culture de Marrakech-Safi, tout en oeuvrant à la protection des monuments, à travers leur recensement et la réalisation de dossiers d’inscription et de classification.
Dans ce contexte, la directrice provinciale de la Culture à Safi et Youssoutia, Mme Btissam Ouriamchi, a affirmé que l’ancien tissu urbanistique de la Cité de l’Océan comprend un nombre important de bâtiments historiques, classés et non classés, sur la liste des monuments historiques nationaux, soulignant que ces sites constituent une composante fondamentale de l’identité et du patrimoine du Royaume, ainsi que de la mémoire et de l’histoire commune maroco-portugaise.
Dans une déclaration similaire, Mme Ouriamchi a ajouté que ces monuments historiques sont en dégradation avancée, passant en revue les principaux facteurs humains et naturels à l’origine de cet état de délabrement dans lequel se trouvent ces sites.
Et la responsable de souligner en conclusion que les efforts déployés pour la préservation des monuments historiques de la ville, sont souvent confrontés au manque, voire à l’absence, des ressources financières allouées au niveau central à la restauration de ces sites.