Le pape François, très sensible aux souffrances du Liban où il souhaite se rendre rapidement, a accueilli jeudi au Vatican dix chefs religieux chrétiens libanais pour « invoquer la paix » et penser l’avenir d’un pays en plein effondrement.
Les dix dignitaires sont arrivés jeudi matin à la maison Sainte-Marthe, où réside le pape dans la Cité du Vatican.
Puis ils sont allés ensemble se recueillir dans la Basilique Saint-Pierre pour « invoquer la paix au Liban », a indiqué l’agence officielle Vatican News.
Ils ont ensuite rejoint le palais apostolique pour trois séances de travail à huis clos animées par le nonce au Liban, Joseph Spiteri.
« Je vous invite tous à vous unir spirituellement à nous, en priant pour que le Liban se relève de la grave crise qu’il est en train de traverser et montre de nouveau son visage de paix et d’espérance », a tweeté François mercredi.
En fin d’après-midi, après une prière oecuménique « pour la paix » ponctuée de textes en arabe, syriaque, arménien et chaldéen, il livrera un discours final très attendu, en présence de diplomates.
Le Liban, face à un « extrême danger » qui menace son existence même, ne peut pas être « abandonné à sa solitude », avait plaidé en septembre le pape François dans un vibrant message au pays, un mois après la tragédie des explosions du port de Beyrouth.
« Le Liban représente plus qu’un Etat, le Liban est un message de liberté et un exemple de pluralisme, tant pour l’Orient que pour l’Occident », avait-il souligné.
« N’abandonnez pas vos maisons et votre héritage! », avait-il aussi intimé à la population, alors que la présence chrétienne dans le pays semble menacée par un nombre croissant de candidats au départ.
Le Liban connait sa pire crise économique dans l’histoire, qualifiée d’une des plus graves dans le monde depuis 1850 par la Banque mondiale.
La visite des chefs religieux chrétiens du Liban « n’a pas pour but de rechercher une solution politique » à la crise mais de « répondre à la plainte du peuple et à ses souffrance », selon Vatican News.
Le pape pourrait « peut-être » se rendre au Liban entre la fin 2021 et le début 2022, de préférence en présence d’un gouvernement nouvellement formé, s’est avancé Mgr Gallagher.
« L’émigration des jeunes et la répercussion de la crise actuelle sur les écoles, les hôpitaux, les familles et la sécurité alimentaire » seront au coeur de la réunion jeudi, estime le vicaire patriarcal maronite Samir Mazloum, interrogé par l’AFP.
Aujourd’hui, « 50 à 60% de nos jeunes vivent à l’étranger, il n’y a plus que les vieux et les enfants », constate-t-il tristement, en pointant le chômage et la dégringolade historique de la livre libanaise.
La faute à « l’absence de gouvernement capable de prendre des décisions et de relancer l’économie, ou du moins de mettre fin à l’hémorragie », pointe l’évêque maronite, qui explique aussi que l’affaiblissement de la présence chrétienne est liée aussi à des « divisions politiques interchrétiennes ».
Pour le directeur français de l’Oeuvre d’Orient, qui supervise des programmes d’aide aux chrétiens d’Orient, Mgr Pascal Gollnisch, la réunion sera forcément « l’occasion d’envoyer un message à la communauté internationale ».
Parmi les dix dignitaires invités au Vatican, se trouvera le patriarche maronite Bechara Boutros Raï, à la tête de la plus grande communauté chrétienne du Liban, qui ne cesse d’envoyer des messages très critiques sur la corruption de la classe politique.
La journée auprès du pape « sera une étape importante pour aider le Liban à rester la patrie du partenariat islamo-chrétien », a commenté le cardinal au journal libanais L’Orient-Le Jour.
Pour un autre participant, Mgr César Essayan, vicaire apostolique de Beyrouth pour les catholiques de rite romain (une très petite communauté), « le Liban est en pleine crise d’identité » et la corruption touche toutes les sphères de la société, y compris la sphère religieuse.
« C’est un moment très important pour nous », mais « pas évident », a-t-il confié lors d’une conférence de presse en ligne. « Les attentes des Libanais sont très élevées. On attend des miracles du pape François, de nous aussi! Mais les résultats ne seront pas immédiats ».