Le secteur de l’agroalimentaire, qui a fait preuve de performance et de résilience face à la crise sanitaire, est appelé aujourd’hui à gagner davantage en compétitivité afin de mieux répondre aux nouvelles exigences de qualité et de concurrence.
Fort d’atouts considérables, l’agroalimentaire a été l’un des rares secteurs qui ont connu une croissance positive en 2020, grâce notamment aux réformes profondes et aux nombreux chantiers structurels lancés à l’instar du Plan Maroc Vert, du Plan Halieutis et du Plan d’accélération industrielle qui ont permis de créer un environnement commercial et industriel favorable.
En effet, le secteur est riche aujourd’hui de quelque 2.100 entreprises employant 161.671 personnes et représentant un chiffre d’affaires (CA) de 161 milliards de dirhams (MMDH), soit 24% du CA industriel. L’agroalimentaire représente aussi un CA à l’export de 32,8 MMDH soit 15% des exportations industrielles, et une valeur ajoutée estimée à 39 MMDH (25% du PIB industriel).
Étant donné son caractère essentiel, le secteur a continué pendant la crise sanitaire d’assurer un approvisionnement sans rupture dans toutes les régions du Maroc et dans des conditions sanitaires optimales.
Ces performances trouvent leur origine dans le soutien des autorités à travers les mesures d’accompagnement concrètes et ciblées, mises en œuvre ces dernières années pour booster le développement du secteur, outre les mesures spécifiques ayant concerné l’appui à l’investissement, le soutien à l’exportation et l’appui à la commercialisation et l’innovation.
Dans le cadre du Plan d’accélération industrielle, plus de 91.058 nouveaux emplois ont été créés durant la période 2014-2020, plaçant le secteur parmi les principaux pourvoyeurs d’emplois industriels, selon des données du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie verte et numérique.
Cette même tendance est observée au niveau des exportations, qui ont connu une croissance de plus de 40% durant cette période passant de 23,4 MMDH en 2014 à 32,8 MMDH en 2020. Ce constat est confirmé par les résultats enregistrés par les sept filières du secteur à savoir la valorisation des fruits et légumes frais, l’industrie des pâtes et couscous, l’industrie de l’huile d’olive, l’industrie des viandes, la transformation des fruits et légumes, l’industrie laitière et la biscuiterie chocolaterie et confiserie, qui font l’objet du contrat-programme 2017-2021.
Le secteur a en fait réalisé une évolution majeure depuis la signature, en 2014, d’un mémorandum d’entente devant SM le Roi, visant à élaborer une feuille de route stratégique du secteur.
Le contrat-programme pour le développement des industries agroalimentaires, qui s’en est suivi, a été ainsi mis en œuvre dans l’objectif d’assurer une meilleure convergence et complémentarité entre la stratégie industrielle et la stratégie agricole afin de renforcer l’intégration entre l’amont agricole et l’aval de transformation et accélérer le développement du secteur.
Une autre initiative louable est celle de la banque de projets lancée en septembre 2020 dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de relance industrielle, avec pour objectif de substituer l’importation par la fabrication locale. Quelque 122 projets d’investissement ont été ainsi validés dans le secteur agroalimentaire, d’un montant global de 3,7 MMDH, selon des données récemment révélées.
Grâce à cette banque de projets, qui met à la disposition des porteurs de projets et investisseurs potentiels des fiches de projets détaillées et un accompagnement ministériel pointu, ces investissements validés devraient générer plus de 13.000 emplois et représentent un potentiel de CA de 5,1 MMDH et de 2,1 MMDH à l’export.
Le Maroc qui exportait auparavant la majorité de ses produits agricoles à l’état brut, transforme et valorise de plus en plus ses marchandises ce qui renforce son économie et constitue une source importante de devises. De par sa position géostratégique à la croisée des chemins entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe, le Royaume continue également d’attirer les investisseurs étrangers.
Toutefois, il reste encore des efforts à déployer et des défis à relever, surtout avec la concurrence mondiale et l’arrivée de nouveaux concurrents.
La formation et la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée, une offre de produits de qualité et très compétitifs, la digitalisation ou encore la décarbonisation sont, entre autres, les principaux obstacles rencontrés par les acteurs de l’agroalimentaire au Maroc.
Le secteur doit aussi faire face aux fausses informations qui circulent autour des produits nationaux. Un effort de communication et de sensibilisation s’impose afin de promouvoir la production et l’industrie nationale sur tous les marchés cibles, notamment en ce qui concerne la diversité, la qualité et le respect des normes de sécurité alimentaire.
L’agroalimentaire est un secteur qui, malgré le fait d’être dépendant de plusieurs variables notamment le climat, la volatilité des cours des matières premières agricoles et les mesures protectionnisme, semble avancer sur la bonne voie à la faveur des atouts naturels mais aussi des politiques et stratégies mises en œuvre ainsi qu’une forte implication des professionnels et un accompagnement minutieux des autorités.