Rabat et Moscou : un partenariat stratégique qui consacre le principe de souveraineté et d’intégrité territoriale des deux pays, et confirme la reconnaissance russe du Sahara marocain

Par : Meryem Hafiani/ ALDAR

Les relations entre le Maroc et la Russie connaissent un tournant historique qui redéfinit les équilibres régionaux, à la suite de la signature à Moscou d’un accord stratégique réaffirmant l’attachement des deux États au respect mutuel de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale. Cette évolution n’est pas fortuite : elle s’inscrit dans la continuité d’un rapprochement diplomatique et économique de longue haleine, porté par une volonté commune d’ériger un axe de coopération fondé sur la confiance et les intérêts partagés.

Depuis plusieurs années, le Maroc œuvre à diversifier ses alliances au-delà du cadre occidental traditionnel, conscient que le monde multipolaire d’aujourd’hui exige une diplomatie ouverte et équilibrée. Moscou, pour sa part, considère désormais Rabat comme un acteur pivot entre l’Afrique et l’Europe, un partenaire stratégique essentiel pour la stabilité du Maghreb, à un moment où la région fait face à de profondes turbulences.

Selon des observateurs russes, l’accord signé à Moscou marque une étape sans précédent dans la relation bilatérale, car il élève le niveau de coopération au-delà de l’économie, vers une convergence politique sur les questions de souveraineté nationale. Le Maroc, dont la défense de l’intégrité territoriale constitue une ligne rouge, voit dans la position russe un appui diplomatique significatif, surtout depuis que Moscou adopte un discours plus proche du plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007 comme solution réaliste et durable au différend du Sahara.

Ce virage russe s’inscrit dans la logique pragmatique de la politique étrangère du Kremlin, qui privilégie aujourd’hui la coopération avec des puissances régionales stables, jouissant de légitimité interne et de crédibilité internationale. Le Maroc, fort de sa stabilité politique et de son poids continental, s’inscrit pleinement dans cette dynamique, offrant à la Russie un partenaire fiable et prévisible dans un environnement géopolitique en mutation.

Sur le plan économique, cette nouvelle alliance ouvre la voie à une coopération élargie dans les domaines de l’énergie, du nucléaire civil, de l’agriculture et de l’industrie. De grandes entreprises russes manifestent un intérêt croissant pour le marché marocain, non seulement en tant que destination agricole, mais aussi comme porte d’entrée stratégique vers les marchés africains émergents. De son côté, Rabat mise sur la technologie et l’expertise russe pour renforcer ses secteurs prioritaires, notamment la sécurité alimentaire et les énergies propres.

Mais c’est sur le terrain politique que la portée de cet accord se révèle la plus marquante. Le fait de réaffirmer mutuellement l’unité territoriale des deux nations équivaut, pour nombre d’analystes, à un soutien implicite de Moscou à la position marocaine sur le Sahara. C’est aussi un signal fort adressé aux adversaires régionaux du Royaume : la Russie opte désormais pour les solutions pragmatiques garantissant la stabilité des États, plutôt que pour les approches idéologiques qui alimentent les divisions. Ce rééquilibrage témoigne d’une volonté russe de maintenir ses liens traditionnels avec Alger tout en consolidant un partenariat solide avec Rabat, afin de jouer un rôle central dans les équilibres nord-africains.

Par cet accord, le Maroc consolide sa présence diplomatique sur la scène internationale et démontre que sa politique étrangère repose non sur l’alignement, mais sur la construction de partenariats diversifiés et souverains. À travers Moscou, Rabat envoie un message clair : la question de l’intégrité territoriale n’est pas une affaire interne, mais un principe fondamental du droit international et du respect mutuel entre nations.

Ainsi, cette entente stratégique marque une étape décisive dans l’histoire des relations maroco-russes. Elle incarne une vision commune d’un ordre mondial plus équitable, où la souveraineté des États et la stabilité régionale deviennent les piliers d’une coopération équilibrée. Entre la prudence marocaine et le réalisme russe, se dessine un partenariat d’avenir capable de redéfinir les rapports de force dans un monde en pleine recomposition.