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Macron rompt le silence face à l’Algérie : pas de privilèges sans respect des droits de l’homme

ALDAR / Sarah Loukili

La France a décidé, sur instruction directe du président Emmanuel Macron, de suspendre l’accord de 2013 qui dispensait les détenteurs de passeports officiels et diplomatiques algériens de visa pour entrer sur le territoire français. Cette mesure met fin à une longue période d’exception dont l’Algérie bénéficiait dans ses relations avec Paris. Cette décision ferme marque un tournant clair dans la position française vis-à-vis du régime algérien, après des années de complaisance politique et de silence face aux violations répétées des droits de l’homme et de la liberté d’expression en Algérie.

Macron, souvent accusé de complaisance envers le pouvoir algérien en raison de la sensibilité historique et des équilibres géopolitiques, a cette fois choisi de rompre le silence et de retirer la couverture politique à des pratiques jugées à l’Élysée comme « inacceptables ». Le déclencheur immédiat de ce changement a été le mécontentement croissant au sein des milieux français face au comportement du régime algérien, notamment après l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste français Christophe Glez, considérée par Paris comme une atteinte flagrante à la liberté d’expression et une violation directe de ses valeurs. Macron a accompagné sa décision d’un courrier officiel adressé au Premier ministre François Bayrou, dans lequel il appelle à une suspension immédiate de l’accord sur les visas, ainsi qu’à l’adoption de mesures supplémentaires, pouvant aller jusqu’à restreindre la mobilité de certains responsables algériens dans l’espace Schengen, tout en envisageant une coordination avec les autres pays européens pour limiter les privilèges accordés à l’élite algérienne.

La réaction de l’Algérie, pour l’instant, se caractérise par un silence officiel, contrastant avec la confusion palpable dans ses médias, oscillant entre remise en question des motivations françaises et menaces de réciprocité — un tableau qui reflète le choc du régime face à ce revirement inattendu de Paris, qui avait jusque-là maintenu ses relations avec Alger dans le cadre d’une « ligne rouge » tacite.

Le message que Macron adresse, à la fois implicitement et explicitement, est clair et catégorique : il n’y aura pas de complaisance envers ceux qui persécutent les intellectuels et répriment les libertés au nom de la souveraineté, et aucun privilège ne sera accordé en l’absence de respect mutuel des valeurs démocratiques. La France ne considère plus le régime algérien comme un partenaire exceptionnel, mais comme un acteur devant être tenu responsable, au même titre que les autres régimes, indépendamment du passé historique partagé entre les deux pays. Il pourrait bien s’agir ici du début d’une nouvelle phase, placée sous le signe du rééquilibrage et de l’imposition d’un respect mutuel, en lieu et place de la complaisance et de l’indulgence face aux violations.

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