
ALDAR/ Meryem Hafiani
La France a officiellement décidé de cesser de délivrer des visas Schengen aux responsables algériens, une mesure qu’elle a communiquée à ses partenaires européens au sein de l’espace commun de migration et de mobilité, marquant une escalade progressive dans les relations entre Paris et Alger.
Des sources diplomatiques européennes indiquent que Paris a informé ses partenaires de l’espace Schengen de cette nouvelle orientation, qualifiée de décision “souveraine”, mais qui porte en elle des messages politiques explicites. Elle traduit une perte de confiance croissante de la part de la France vis-à-vis du régime algérien, accusé de refuser toute coopération sérieuse sur des dossiers sensibles, notamment l’immigration irrégulière, la sécurité régionale au Sahel, et les questions mémorielles liées à la période coloniale.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un nouveau cap que Paris semble adopter à l’égard du régime algérien, rompant avec la logique des “complaisances historiques” pour adopter une approche plus pragmatique, voire plus ferme. Ce changement survient notamment après des déclarations jugées provocatrices de responsables algériens, et le refus d’Alger de coopérer au rapatriement de ses ressortissants en situation irrégulière en France.
Ce geste s’ajoute à une série de mesures de plus en plus fermes : réduction du nombre de visas accordés aux Algériens en 2021, gel de visites officielles réciproques, puis suspension partielle de la coopération sécuritaire et militaire, dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre l’Algérie et plusieurs pays du Sahel, historiquement soutenus par la France, comme le Mali et le Niger.
Fait notable, cette escalade de la part de la France n’a, jusqu’à présent, suscité aucune réaction officielle claire d’Alger. Pour plusieurs analystes politiques, ce silence reflète une confusion au sein des cercles de décision algériens, ou bien une volonté d’éviter une détérioration supplémentaire des relations avec une puissance européenne qui conserve un poids décisif dans plusieurs dossiers économiques et commerciaux. La France demeure en effet l’un des partenaires commerciaux majeurs de l’Algérie, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des services.
Dans le même temps, certains observateurs estiment que ce virage dans la politique française traduit également un recul de l’influence algérienne au sein de l’Union européenne, au profit de pays maghrébins concurrents, notamment le Maroc. Ce dernier bénéficie d’un partenariat stratégique multidimensionnel avec Paris et Bruxelles, ce qui renforce l’isolement du régime algérien sur les scènes régionale et internationale.
En l’absence de perspectives immédiates de normalisation entre Paris et Alger, une question demeure : l’Algérie choisira-t-elle la voie de l’escalade en retour ? Ou se résoudra-t-elle à accepter le statu quo en attendant un éventuel changement dans les équilibres internes de l’exécutif français après les prochaines élections ?