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Jo Amar… L’artiste juif marocain dont la voix a précédé la diplomatie et a construit des ponts entre le Maroc et les Juifs marocains en Israël

ALDAR/ Iman Alaoui

À une époque où la politique avançait timidement et où les relations entre les pays se dessinaient prudemment sur le papier, une voix s’est élevée de Casablanca, traçant son propre chemin sans attendre l’autorisation de quiconque, pour atteindre le cœur de millions de personnes des deux rives.

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Cette voix était celle de Jo Amar, l’artiste juif marocain qui n’a pas eu besoin d’accords officiels pour rapprocher les peuples. Il a fait de la musique son propre outil pour bâtir des ponts de communication au-delà des frontières.

Jo Amar est né au Maroc en 1930, au sein d’une communauté juive riche de ses traditions musicales et culturelles. Il a grandi au son du chant andalou et du malhoun, où l’arabe se mêlait à l’hébreu, et où musulmans et juifs cohabitaient dans une scène artistique unique en son genre.

De ce mélange est né un art authentique, qu’Amar a emporté avec lui en Israël lors de son immigration en 1956. C’est là qu’un nouveau chapitre de sa vie a commencé.

Ses débuts n’ont pas été faciles dans une société dominée par un goût musical occidental. Mais Jo Amar ne s’est pas laissé décourager. Il est resté fidèle à ses racines marocaines et a introduit les sonorités orientales dans l’espace israélien, devenant ainsi l’un des véritables pionniers de ce qu’on appelle aujourd’hui la musique orientale, ou mizrahit. Il a fusionné le patrimoine marocain avec des paroles en hébreu, mêlant nostalgie et émotion, et a su toucher toutes les couches de la société, inscrivant son nom comme une icône artistique éternelle.

Jo Amar était bien plus qu’un simple chanteur. Il fut un ambassadeur culturel sans titre officiel, un pont affectif entre le Maroc et Israël, et ce bien avant que les relations diplomatiques entre les deux pays ne prennent forme. Ses chansons portaient la nostalgie du Maroc, l’amour de l’identité et le respect de la diversité, ce qui lui a permis de séduire un public varié : juifs et musulmans, Marocains et Israéliens, tous rêvant d’une patrie unie au-delà des religions.

Même après sa disparition en 2009, son influence demeure vivante, que ce soit à travers les hommages qui lui sont rendus ou dans la mémoire collective partagée aujourd’hui entre le Maroc et la diaspora juive dans le monde. À travers sa musique, Jo Amar a incarné ce que la politique a échoué à réaliser durant des années : la communication, la compréhension et l’estime réciproque.

Il n’était pas qu’un artiste de passage. Il est devenu un symbole d’une identité juive marocaine authentique, restée intacte malgré la distance, et une voix porteuse d’un message de paix.

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