A LA UNEECONOMIE

Le marché du travail au Maroc au deuxième trimestre 2025 : des indicateurs contrastés sur fond de sécheresse et de déclin agricole

ALDAR / Sara Loukili

Sous l’effet persistant de la sécheresse qui a fortement impacté l’activité agricole, une nouvelle note du Haut-Commissariat au Plan (HCP) révèle un tableau contrasté du marché de l’emploi au Maroc au deuxième trimestre de l’année 2025. Cette période s’est caractérisée par des évolutions divergentes, entre une hausse limitée des emplois en milieu urbain et une forte baisse des opportunités en zones rurales, accompagnées d’un léger recul du taux de chômage et d’une nette augmentation du sous-emploi.

Selon les chiffres officiels, l’économie nationale a créé au total 5 000 nouveaux postes par rapport à la même période en 2024. Cela résulte de la création de 113 000 emplois en milieu urbain, contre une perte de 107 000 emplois en milieu rural. Ce changement s’inscrit dans un contexte où 126 000 postes non rémunérés ont été perdus, tandis que 132 000 emplois rémunérés ont été créés en parallèle.

Le secteur de l’agriculture, de la forêt et de la pêche a été le plus touché, avec une perte de 108 000 emplois. En revanche, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) a connu une dynamique notable avec la création de 74 000 postes, suivi par le secteur des services (+35 000 emplois) et celui de l’industrie, qui n’a généré que 2 000 emplois.

Malgré ces évolutions, le nombre de chômeurs a diminué de 38 000 personnes au niveau national, pour s’établir à 1 595 000, ce qui a permis de faire passer le taux de chômage de 13,1 % à 12,8 %. Cette baisse est de 0,3 point en milieu urbain et de 0,5 point en milieu rural. Toutefois, les taux restent préoccupants parmi les jeunes (35,8 %), les femmes (19,9 %) et les diplômés (19 %).

En parallèle, les indicateurs du sous-emploi se sont nettement détériorés : le nombre de travailleurs en situation de vulnérabilité professionnelle a atteint 1 147 000 personnes, soit une augmentation de 105 000 en un an. Le taux de sous-emploi s’est ainsi élevé à 10,6 % à l’échelle nationale, atteignant 12,4 % en milieu rural contre 9,4 % en milieu urbain.

Quant aux taux d’activité, ils ont enregistré un recul global de 0,8 point, passant de 44,2 % à 43,4 %, reflétant un désengagement croissant de la population active, notamment en zones rurales et parmi les femmes.

Au niveau régional, cinq régions concentrent toujours plus de 72 % de l’ensemble de la population active, avec en tête Casablanca-Settat (22,2 %), suivie de Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. À l’inverse, les régions du Sud et de l’Oriental enregistrent les taux de chômage les plus élevés, dépassant le seuil de 20 %.

Ce rapport dresse un portrait nuancé du marché de l’emploi au Maroc, où les signes de reprise dans certains secteurs urbains cohabitent avec de fortes pressions dans les zones rurales. Il met en lumière l’urgence de politiques de l’emploi ciblées, capables de conjuguer lutte contre les effets du changement climatique et soutien à l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page