
Par Imane Alaoui / ALDAR
L’Algérie traverse actuellement des turbulences économiques alarmantes, avec des signaux de plus en plus inquiétants laissant présager une crise financière sévère. Au cœur de cette inquiétude : l’érosion rapide des réserves de change du pays.
Selon le dernier rapport publié par la Banque d’Algérie, les réserves de devises étrangères sont passées de 51,4 milliards de dollars à seulement 39,6 milliards de dollars en l’espace de six mois, enregistrant ainsi une chute brutale de plus de 11,8 milliards de dollars, soit une baisse de près de 23 % du total précédent.
Cette diminution drastique met en lumière la vulnérabilité structurelle de l’économie algérienne, encore largement dépendante des revenus des hydrocarbures, eux-mêmes soumis aux fluctuations du marché mondial. Malgré les gains temporaires des prix du pétrole et du gaz provoqués par les récentes crises géopolitiques, le gouvernement n’a pas su tirer profit de ces recettes pour diversifier l’économie ni bâtir un tissu industriel alternatif susceptible de générer des revenus durables.
Pour de nombreux observateurs économiques, cette dégringolade des réserves est un signe inquiétant de l’épuisement des ressources financières du pays, à un moment où les dépenses publiques et les engagements sociaux sont en forte augmentation. Cette pression est d’autant plus exacerbée par une politique de subventions généreuses et une forte dépendance aux importations pour répondre aux besoins du marché intérieur.
L’économiste algérien Abdelrahmane Mebtoul a ainsi averti, lors d’interventions médiatiques antérieures, que l’Algérie « court un risque de faillite si elle continue de compter uniquement sur les exportations de pétrole et de gaz sans entreprendre de réformes structurelles urgentes ». Il a souligné que « le temps ne joue plus en faveur de l’Algérie, et que l’économie nationale a besoin de décisions courageuses et de stratégies claires, loin des slogans politiques ».
Jusqu’à présent, aucune stratégie cohérente n’a été annoncée par le gouvernement algérien pour contenir cette hémorragie financière. Les autorités se contentent de déclarations rassurantes qui peinent à masquer la réalité d’une économie en détérioration. Plusieurs secteurs souffrent de faibles rendements, d’un manque d’investissements, tandis que le chômage et le coût de la vie ne cessent d’augmenter.
En l’absence d’un modèle économique alternatif à la rente pétrolière, l’avenir financier du pays reste suspendu aux aléas du marché mondial. Ce recul rapide des réserves de change constitue ainsi un signal d’alerte précoce, qui pourrait déboucher sur un effondrement global si des mesures urgentes et structurelles ne sont pas prises pour stopper l’hémorragie et restaurer l’équilibre économique.
L’Algérie se trouve aujourd’hui à un tournant décisif : soit elle s’engage sur la voie de la réforme et de la diversification économique, soit elle devra affronter les conséquences d’un effondrement financier aux coûts potentiellement lourds, tant sur le plan social que politique.