
ALDAR / Analyse
Le député républicain Joe Wilson, représentant de la Caroline du Sud, en collaboration avec son collègue démocrate Jimmy Panetta, a présenté un projet de loi au Congrès américain visant à inscrire le Front Polisario sur la liste des organisations terroristes étrangères. Cette initiative traduit un changement radical dans la position des États-Unis vis-à-vis du conflit régional autour du Sahara marocain, et marque une orientation explicite en faveur d’un soutien accru à leur allié historique dans la région, le Royaume du Maroc.
Intitulé “Loi sur la désignation du Front Polisario comme organisation terroriste”, ce projet législatif s’appuie sur un ensemble de considérations politiques et sécuritaires. Il met notamment en avant les accusations portées contre le Polisario concernant son soutien présumé par des entités classées comme sponsors du terrorisme par Washington, telles que l’Iran, le Hezbollah, ainsi que la Russie. Ce soutien permettrait à ces acteurs d’étendre leur influence géopolitique en Afrique du Nord et constitue une menace directe pour la sécurité régionale, dans un contexte où le Maroc représente un partenaire stratégique des États-Unis depuis plus de deux siècles.
Ce projet intervient dans un contexte international marqué par une intensification des tensions géopolitiques, et s’inscrit dans une approche renouvelée des États-Unis visant à tarir les sources du terrorisme et à renforcer la stabilité dans les zones sensibles, notamment au Sahel et dans la région sahélo-saharienne. S’il est adopté, ce texte constituera une première dans la gestion américaine du dossier du Sahara, ouvrant la voie à une série de sanctions potentielles non seulement contre le Polisario, mais également contre ses soutiens, au premier rang desquels figure l’Algérie.
Cette initiative sans précédent de Washington envoie un signal fort d’un basculement dans les rapports de force diplomatiques. En plaçant le Polisario au même rang juridique que des organisations comme Daech ou Al-Qaïda, elle pourrait entraîner le gel de ses avoirs financiers et la poursuite de ses bailleurs internationaux.
Le message américain dépasse le simple contenu du projet de loi : il traduit une position claire de soutien au Maroc, et souligne la gravité des “activités déstabilisatrices” du Polisario, menées sous la couverture politique du régime algérien, avec un appui financier et logistique de puissances que les États-Unis considèrent comme des adversaires directs.
Les auteurs du texte qualifient le Polisario de “milice marxiste soutenue par l’Iran et le Hezbollah”, ce qui place l’Algérie — pays hôte et soutien de ce mouvement depuis sa création — dans une position diplomatique extrêmement délicate. Cette situation risque d’altérer ses relations avec ses partenaires occidentaux, d’autant plus que les accusations d’abriter des éléments extrémistes et de financer des agendas séparatistes se font de plus en plus insistantes.
Les récentes démarches américaines s’inscrivent pleinement dans le contexte régional et international, notamment avec le rôle croissant du Maroc dans des dossiers clés tels que la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la gestion des flux migratoires et la coopération économique en Afrique. Le Royaume, qui participe activement à des partenariats stratégiques avec Washington et plusieurs capitales occidentales, consolide aujourd’hui sa position de partenaire fiable dans une région instable. Cela renforce ses chances de faire valoir, sur le plan diplomatique, la légitimité de sa souveraineté sur le Sahara, avec un appui international croissant.
Le projet de loi américain représente non seulement un revers politique sévère pour le Polisario et son soutien algérien, mais aussi un virage stratégique dans la gestion du conflit par les États-Unis. Il indique l’isolement croissant du projet séparatiste sur la scène internationale et pourrait, s’il est adopté, constituer un jalon décisif vers la résolution d’un des plus anciens conflits du continent africain, en faveur de la légalité marocaine, dans une optique d’unité, de stabilité et de développement partagé.