Est-il concevable de criminaliser un Marocain simplement pour avoir affirmé que la sécurité et la stabilité de son pays priment sur toute autre considération ?
Est-il concevable de criminaliser un Marocain simplement pour avoir affirmé que la sécurité et la stabilité de son pays priment sur toute autre considération ?

ALDAR / Analyse
À une époque marquée par une multiplicité de crises et une complexité croissante des positions, il devient parfois difficile de distinguer entre la liberté d’expression et la trahison de la cause nationale. L’opinion publique marocaine a été récemment surprise par une déclaration attribuée à l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, que beaucoup ont jugée choquante et provocante, surtout lorsqu’il aurait qualifié certains Marocains de manière jugée insultante, simplement parce qu’ils affirmaient leur attachement à leur patrie et leur volonté de la placer au-dessus de toute autre cause, aussi juste soit-elle.
Le choc n’est pas seulement lié au contenu des propos, mais aussi à leur timing, leur contexte, et la manière dont ils ont été exprimés, comme si le patriotisme devenait une accusation et la défense des intérêts nationaux, une trahison.
De nombreux Marocains ont exprimé leur sentiment de déception — non pas parce qu’ils rejettent les causes humanitaires — mais parce qu’ils refusent que l’amour de leur patrie soit remis en question ou utilisé contre eux.
Dire « Le Maroc d’abord » ne signifie pas nécessairement être contre les autres, c’est plutôt une expression naturelle d’appartenance et de loyauté, comme le font les peuples du monde entier.
Est-il donc concevable de criminaliser un citoyen marocain simplement parce qu’il affirme que la sécurité et la stabilité de son pays sont prioritaires ? Est-il raisonnable de soupçonner les citoyens de trahison parce qu’ils réclament que Taza passe avant Gaza, sans que cela n’implique un abandon de leur humanité ?
Au milieu d’une large interaction sur les réseaux sociaux, les Marocains ont réaffirmé leur attachement à la souveraineté et à la dignité nationale. Ils ont rappelé que l’amour de la patrie ne contredit nullement le soutien aux causes justes. Cet amour commence par l’intérieur : en défendant la dignité du citoyen, en respectant ses choix, et en écoutant sa voix sans arrogance ni mépris.
Il est peut-être temps que certains réalisent que les peuples ne doivent pas être insultés, et que les paroles engagent une responsabilité, surtout lorsqu’elles émanent d’anciens responsables ayant occupé de hautes fonctions. Ils se doivent d’être plus prudents dans leurs déclarations et plus proches des préoccupations du citoyen ordinaire.