
ALDAR/
Dans une scène révélant un mépris flagrant des institutions et des lois, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), a provoqué une nouvelle polémique en déclarant fièrement avoir collecté un million de dirhams en seulement deux jours, lançant un défi à ses détracteurs : “Si cette opération est illégale, qu’ils viennent me mettre en prison !”
Ce discours, prononcé samedi lors du congrès du parti, ressemblait davantage à une démonstration de force qu’à une communication politique responsable. Alors qu’on attend des chefs de partis qu’ils fassent preuve de prudence et de respect vis-à-vis du cadre juridique, Benkirane a choisi d’adopter une posture de défi, agissant comme s’il était au-dessus des lois et piétinant les règles encadrant le financement politique.
La collecte de fonds pour un parti ou pour des individus est soumise à des règles strictes visant à garantir la transparence et à prévenir les risques d’abus de pouvoir ou de blanchiment d’argent. Mais il semble que Benkirane ne voie dans ces réglementations que de simples contraintes dont il peut se passer. Plus grave encore, cette déclaration révèle non seulement un mépris du droit, mais envoie aussi un message destructeur à l’opinion publique : le pouvoir politique confèrerait une immunité contre toute reddition de comptes.
Les milieux politiques et juridiques se sont amèrement interrogés : où sont les instances de contrôle ? Quel est le rôle du parquet dans l’ouverture immédiate d’une enquête sur l’origine et les modalités de collecte de ces fonds ? Ou bien les déclarations populistes seraient-elles devenues un passe-droit pour échapper à toute poursuite ?
La plus grande menace qui pèse sur la démocratie n’est pas seulement la violation des lois, mais aussi la volonté délibérée de certains dirigeants de saper la valeur de l’État et de ses institutions aux yeux des citoyens. Si Benkirane considère l’accumulation de millions comme une réussite personnelle dont il peut se vanter, les Marocains y voient, eux, une insulte à leur intelligence et une tentative d’imposer la loi du plus fort.
Sommes-nous alors face à une rébellion politique contre l’État de droit ? Ou bien verra-t-on les autorités agir pour défendre leur légitimité, loin des calculs politiciens étroits ?