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Comment rendre le poisson accessible à tous les Marocains à des prix abordables ?

ALDAR / Analyse

Bien que le Maroc dispose d’une immense richesse halieutique s’étendant sur des milliers de kilomètres de côtes, les prix du poisson ne reflètent pas cette abondance. Au contraire, ils semblent élevés de manière disproportionnée par rapport au volume de production.

La sardine, qui est l’un des poissons les plus consommés par les Marocains, devrait être accessible à tous à un prix raisonnable. Pourtant, la réalité montre que son accès aux tables des familles modestes est entravé par plusieurs obstacles, notamment la domination des intermédiaires et l’absence de mécanismes de distribution équitables.

Sur les marchés marocains, le poisson passe par une longue chaîne d’intervenants : des pêcheurs aux grossistes, puis aux détaillants, avant d’atteindre enfin le consommateur.

Cette chaîne complexe génère des marges bénéficiaires injustifiées à chaque étape, augmentant ainsi les prix et pesant lourdement sur le pouvoir d’achat des citoyens. Pire encore, certains spéculateurs profitent de cette situation pour manipuler l’offre en stockant de grandes quantités de poisson et en régulant artificiellement les volumes mis en vente, ce qui entraîne une rareté artificielle et une hausse des prix injustifiée.

La solution réside dans une restructuration du secteur selon une vision garantissant un accès au poisson, en particulier à la sardine, à un prix reflétant sa véritable abondance. Cela peut être réalisé en réduisant le nombre d’intermédiaires grâce à la promotion de la vente directe du pêcheur au consommateur, soit par le biais de marchés locaux soumis à un contrôle strict, soit via des plateformes en ligne reliant directement le producteur au client.

De plus, organiser le marché de gros de manière plus transparente et soumettre les transactions commerciales à un système de surveillance limitant la spéculation pourrait contribuer de manière significative à la baisse des prix.

Par ailleurs, il est crucial d’apporter un soutien aux petits pêcheurs en leur offrant des facilités logistiques leur permettant de commercialiser leurs produits sans passer par les réseaux des grands commerçants.

Ces pêcheurs se voient souvent contraints de vendre leur poisson à des prix dérisoires dans les ports en raison de leur incapacité à assumer les coûts du transport et du stockage. Pendant ce temps, ces mêmes poissons se retrouvent sur le marché à des prix multipliés après avoir traversé la chaîne des intermédiaires.

On ne peut envisager une solution globale sans prendre en compte l’importance du développement des infrastructures de transport et de stockage. Les pertes subies tout au long de la chaîne de distribution contribuent à la hausse des prix en raison de la dégradation de la qualité du poisson ou de la perte de grandes quantités.

Investir dans des moyens de transport modernes et créer des centres de réfrigération avancés à proximité des ports de pêche pourrait réduire ces pertes et, par conséquent, avoir un impact positif sur les prix finaux.

L’objectif n’est pas seulement de réduire le coût du poisson, mais aussi d’assurer une justice tarifaire permettant à la fois aux pêcheurs et aux consommateurs de bénéficier équitablement de cette richesse maritime.

Libérer le marché du poisson de la spéculation et permettre aux citoyens d’acheter des sardines à cinq dirhams ou moins n’est pas seulement une revendication sociale, mais une nécessité pour garantir la sécurité alimentaire et une exploitation plus efficace des ressources naturelles du Maroc.

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