
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Les relations maroco-chinoises ont connu un développement significatif au cours des deux dernières décennies, notamment après l’accession du roi Mohammed VI au trône en 1999. Alors que le Maroc était un partenaire traditionnel de l’Occident, il a commencé à diversifier ses perspectives économiques en tirant parti du monde multipolaire émergent, en particulier dans la région méditerranéenne. Ces efforts ont abouti à la signature, en 2022, d’un plan d’exécution de l’initiative “la Ceinture et la Route” (BRI) entre le Maroc et la Chine, faisant ainsi du Maroc le premier pays du Maghreb à rejoindre officiellement cette initiative.
Depuis lors, la présence chinoise au Maroc s’est intensifiée à travers l’initiative “Route de la Soie numérique” (DSR), qui constitue le bras technologique et numérique de la BRI. Cet axe vise à développer les infrastructures numériques dans les pays partenaires en fournissant des réseaux Internet haut débit, en créant des centres de commerce électronique et en développant des villes intelligentes. Des géants technologiques chinois, tels que Huawei et ZTE, jouent un rôle clé dans ce domaine en proposant des solutions avancées à des prix plus compétitifs que leurs homologues européens et américains.
Le Maroc bénéficie d’un positionnement géostratégique qui en fait un carrefour reliant l’Europe, la Méditerranée, l’Afrique subsaharienne et l’Atlantique. Dans cette optique, la Chine cherche à renforcer ses investissements au Maroc afin d’étendre sa portée commerciale et de faciliter la diffusion de ses produits sur les marchés régionaux et internationaux.
Au début du XXIe siècle, les échanges commerciaux entre la Chine et le Maroc ont connu une croissance rapide. En 2023, la Chine est devenue le troisième plus grand exportateur de marchandises vers le Maroc, avec des exportations d’une valeur de 6,67 milliards de dollars, dépassant la France (6,7 milliards de dollars) mais restant derrière l’Espagne (12,1 milliards de dollars). Par ailleurs, les entreprises chinoises manifestent un intérêt croissant pour les secteurs des énergies renouvelables et des technologies au Maroc, avec environ 200 sociétés prévoyant de lancer des projets d’investissement dans le pays.
L’intérêt croissant de Pékin pour le Maroc s’explique par plusieurs facteurs, notamment la stabilité politique relative du Royaume, son ouverture économique et ses politiques d’investissement attractives. De plus, le Maroc bénéficie d’accords de libre-échange avec l’Union européenne, la France, l’Italie et les États-Unis, ainsi que de son appartenance à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Cela permet aux entreprises étrangères opérant au Maroc de bénéficier des mêmes avantages commerciaux que les entreprises locales.
Face aux sanctions douanières et aux restrictions commerciales imposées par les États-Unis, le Canada et l’Union européenne sur les produits chinois, les marchés alternatifs comme le Maroc deviennent d’autant plus cruciaux pour la Chine afin d’étendre sa présence commerciale et ses investissements. Grâce à ses infrastructures développées et à sa position géographique exceptionnelle, le Maroc est devenu une porte d’entrée stratégique pour les investissements chinois en Afrique et en Europe, renforçant ainsi son statut de partenaire économique clé de Pékin dans la région.
Ainsi, le partenariat entre le Maroc et la Chine représente un nouveau modèle de coopération économique, où le Royaume profite des technologies et des investissements chinois tandis que Pékin assure son ancrage dans la région. Cette collaboration reflète la vision ambitieuse du Maroc visant à devenir un centre régional majeur dans les domaines du numérique et du commerce.